Lofofora - L'épreuve du contraire Lofofora nous délivre l'année de ses 25 ans L'épreuve du contraire, un huitième album au titre inspiré et inspirant de par son jeu de mot évident. Parce qu'il est un devoir pour chaque individu de ce monde de se remettre constamment en question, provoquer la contradiction (coucou les Mass Hysteria !) et d'agir, non sans difficulté, à sa manière et/ou collectivement pour que les choses tournent dans le "bon sens". Et si on ne doutait point de sa motivation à garder son rang de haut représentant du rock métallisé hexagonale, le groupe continue à se tenir droit dans ses bottes lorsqu'il s'agit de dénoncer, souvent avec ironie, la folie du monde dans lequel nous vivons. Mû par sa passion des mots et de l'écriture piquante, Reuno s'exprime sans détour sur la montée inquiétante et, on ne peut plus d'actualité, des idées nationalistes ("Pornopolitique"), l'individualisme qui mine notre société ("Le malheur des autres"), le machisme et la phallocratie ("Romance") et bien d'autres sujets tels que l'environnement ("Notre terre") et le malaise des rapports sociaux ("Contre les murs"). Produit à nouveau par Serge Morattel (Knut, Ventura, Hateful Monday...) dans un studio en campagne bretonne en quatorze jours, L'épreuve du contraire bénéficie du substrat sonore idoine pour porter cette rage verbale si familière au quatuor. Autrement dit, l'auditoire va recevoir une avoinée en mode business class à l'écoute de ce nouvel album, bien que les tempi et le ton varient en fonction des compositions. En êtes-vous sincèrement surpris ?

Car Lofofora reste Lofofora, formation qui a exploité jusqu'au fond des tiroirs la fusion punk-métal-rock. Indestructible, sa musique cultive le groove avec classe et ce dès le premier morceau, "L'innocence", brûlot taillé pour le live. Le groupe, toujours précis et énergique dans son entreprise, allie les riffs compacts et pondéreux à la fois néo ("Trompe la mort"), punk ("La tsarine"), rock US 90's ("Karmasutra"), métal ("Pornopolitique") ou post-métal/rock ("La dérive") et joue par moment avec de belles boucles de grattes résistantes ("Notre terre", "Pyromane") qui feront à coup sûr mouche sur scène, lieu où la formation excelle à mon sens. Pour preuve, son concert en juin dernier au Hellfest annonçant par la même occasion la couleur de cet album, a laissé de sources sûres certains des plus sceptiques sur le cul. Si Lofofora laisse encore quelques punchlines croustillantes dans cette œuvre, cette dernière manque cruellement, au vu de ses textes alarmistes, de morceaux plus légers comme il a su le faire auparavant avec "Buvez du cul", "Holiday In France", "Rock n' Roll class affair" ou "Weedo". Mais on apprécie toutefois l'équilibre plutôt judicieux entre les envies furibondes et pondérées de la bande de Reuno, à l'image de "Le malheur des autres", l'une des meilleures chansons du disque qui se trouve être un bon indicateur du climat de cet album en misant sur un chant mi-parlé, mi-gueulé sur une instrumentation pétulante. Il faut quand même bien cela car digérer 14 titres d'affilée à jeun n'est pas forcément une mince affaire, L'épreuve du contraire étant plutôt le genre d'album à consommer à maintes reprises pour ressentir réellement ses effets. Sans grande surprise, ce dernier, sonnant Lofofora comme jamais, devrait recevoir sans anicroche un accueil chaleureux de la part des séides et des personnes gravitant autour de la sphère rock-métal française.