Lofofora est actuellement en pleine tournée française pour diffuser massivement les fracassantes vibrations de son nouvel album, Monstre ordinaire, sorti en octobre. Un petit fenec s'est insidieusement glissé sur la date parisienne à l'Alhambra, le 20 avril, où la bande de Reuno partageait l'affiche avec ses potes de Tagada Jones. Protégez-vous les oreilles, c'est parti !
L'affiche du concert
Il est de ces soirées dont on aime particulièrement se délecter, celles où les décibels vont péter à fond de cale et où les messages forts font "front" commun (histoire d'être raccord avec l'actu récente). Un rassemblement festif où se mêlent l'esprit punk DIY représentés ce soir par les fers de lance de la scène française du genre que sont Tagada Jones et Lofofora, même si, admettons-le, leurs musiques sont toutefois bien différentes. L'Alhambra, petite salle discrète du 10ème arrondissement (Paris) pouvant se targuer d'accueillir le même mois des groupes de métal et de variétoche française toute naze, est donc l'endroit parfait pour recevoir ce genre d'événement car à taille humaine. Une raison de plus pour que la soirée s'annonce bouillante au vu de la promiscuité de l'audience.
Tagada Jones foule le plancher. Ces dignes héritiers français de The Exploited ou le prolongement naturel des Bérurier Noir ne font pas dans la dentelle. Venus pour montrer la valeur scénique de Descente aux enfers, leur dernier album en date, les bretons balancent véritablement la sauce façon punk-hardcore "in-da-face". Mise en œuvre par des paroles virulentes contre, notamment, le système capitaliste, la musique des Tagada Jones met la salle en feu par des salves de riffs imparables. Fidèles à leur réputation, les enragés bretons enchainent avec vigueur leurs nouveaux comme anciens titres (on pense à l'excellente "Manipulé") à vitesse supersonique à l'image du tempo (trop) monotone de leurs morceaux. Belle prestation sans concession menée par le fougueux Niko qui laisse un public chaud comme la braise pour la suite de la soirée.
Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai vu jouer Lofofora depuis plus de 10 ans, mais j'ai comme l'impression qu'en live ce groupe est à l'image d'un bon vin : plus il vieillit, plus ses shows frôlent la perfection. Je ne sais pas si cela est dû à l'arrivée de Vincent qui a encore été magnifique ce soir à la batterie, comme le reste du groupe d'ailleurs, mais le quatuor a encore donné une leçon de musique et d'attitude à l'Alhambra. Démarré par "Utopiste", premier titre de Monstre ordinaire, ce concert annonce d'emblée la couleur, le groupe mettant la pression au public avec apparat qui répond en une somme de slams et de pogos. L'ambiance est aussi énorme que le son qui se veut pesant même si Lofofora, de par la variété de ses titres, sait aussi calmer la rage ("Amnes' history") pour la rendre évidemment plus forte par la suite. Intense donc pour une set-list axée logiquement en majorité sur le dernier album qui a vraiment été taillé pour le live. La bande de Reuno a prouvé par le passé qu'elle aimait se retrouver en "famille" sur scène comme sur disque, à l'instar du Bal des Enragés, le quatuor remet le couvert en rappel avec les Tagada Jones pour une série de quatre reprises cultes dont un final inoubliable sur l'air de "Porcherie" des Berurier Noir. Un mauvais présage deux jours avant le premier tour des élections présidentielles où le FN a atteint pas loin de 19%. Que voulez-vous reprocher à ces gars là après ça ? La classe ultime dans un Alhambra qui a vu rouge, vif.
Merci à Maxime d'At(h)ome et JF de Nomad Muzik