Lofofora - Monstre ordinaire Qu'avons-nous à rajouter sur Lofofora en 2011 ? Sérieux, rendons-nous à l'évidence. Il y a plus de vingt ans, la bande de Reuno et Phil aiguisait ses premiers couteaux à la Luna Rossa. Putain, c'est loin tout ça. Les épisodes Hôpital Éphémère, Virgin, Sriracha, des line-ups et j'en passe, ont fait de cette bête scénique un pionnier durable du rock à gros décibels en France. Une "mine" (à défaut d'une carrière, cf Interview #4 : Ted vs Reuno (juil. 2009)) qui nous amène aujourd'hui à un 8ème album studio fidèle aux principes indécrottables du groupe : rage verbale et sonore, humilité et générosité. Depuis le début des années 2000, le quatuor avait déçu certains irréductibles de la première époque. Une décennie où la place de batteur a été en majeure partie occupée par Pierre Belleville (Artsonic, Destruction Incorporated). Parti vers d'autres horizons, il a donc laissé son siège à une autre génération, celle de Vincent, arrivé en 2009, avec laquelle Lofofora a su continuer son aventure que l'on espère la plus longue et heureuse possible. D'un autre style, plus lourd et orienté stoner, le batteur de Zoe amène tout son savoir-faire et cela s'entend indéniablement. Une cure de jouvence qui marque son empreinte (j'ai mal pour la peau de caisse-claire) sur ce Monstre ordinaire doté d'une production qui vous change la face d'un groupe. Enregistré en Suisse au Rec-Studio avec Serge Morattel, producteur entre autres de Knut, Impure Wilhelmina et Year Of No Light, les parisiens d'origine passent en mode "coup de pelle", pour faire un beau parallèle avec l'intrigante pochette signée du photographe Eric Canto, également auteur, entre autres, de celles de Failles de Mass Hysteria et d'Amazing grace de Bukowski. Pesant et cradingue, le son du nouveau Lofofora sied parfaitement avec ses compositions toujours axées autour du punk, du hardcore et du métal. A des années-lumière du trop propre, froid et "métallique" Mémoire de singes en terme de production, Monstre ordinaire remet les pendules à l'heure et permet au groupe de manier son art avec brio. Sur des riffs fougueux efficaces à la pelle (désolé) alliés à des frappes chirurgicales, Reuno montre toute sa belle verve dure, familière à tous ceux qui flirtent avec la musique du quatuor depuis pas mal de temps. Un Monstre ordinaire auquel on s'attache assez rapidement, un monstre qu'on a envie de chérir, si bien qu'on oserait presque le ranger parmi le meilleur album de Lofofora depuis Dur comme fer. Un nouveau lifting. Une nouvelle ère commencerait-t-elle ?