Lofofora - Lofofora C'est évidemment "l'œuf" qui focalise toutes les attentions sur ce premier album de Lofofora, pourtant cet éponyme ne manque d'autres atouts à mettre en avant. Le groupe y développe une fusion vorace qui se nourrit autant d'influences métal, funk (cette basse très présente qui jalonne le disque), punk/hardcore ("Justice pour tous") ou d'autres ramifications plus étonnantes comme sur "No facho (dub spirit)3 avec son passage reggae/dub, voir même des velléités jazzy sur l'excellent "Subliminable". Au delà de cette capacité au métissage toujours réussi, c'est son frontman, Reuno qui concentre un élément important de l'identité de Lofofora : une voix puissante au timbre très grave et chaud capable d'assurer sur des lignes vocales conventionnelles comme sur un phrasé hip-hop. Une signature vocale dont la marge de progression est encore énorme et ne fera que s'améliorer au fur et à mesure de la carrière du quatuor. D'autant plus un atout qu'il cumule "le fond et la forme" puisqu'il est également un excellent manipulateur de mots comme pouvait l'être Bruce Lee avec son nunchaku : dextérité et précision chirurgicale sont au rendez-vous pour des textes souvent empreint d'un humour corrosif ("Elvis") et d'un sens critique aiguisé à la hache. Reuno, par le biais de son cactus hallucinogène de groupe, en profite pour distribuer quelques gifles verbales et il y en a pour tout le monde : l'extrême droite avec "No facho (dub spirit)", les forces de l'ordre un peu trop zélés avec "Les meutes" et les travers de la société américaine via "Nouveau monde".
Enfin, sur ce premier album, Lofofora cultive déjà un certain esprit de la "tribu musicale" qu'ils sauront conserver durant la suite de leur carrière en multipliant les collaborations fructueuses : ils reprennent ainsi le "Justice pour tous" des Moskokids avec qui ils ont partagé un lieu de répétition (L'hôpital éphémère), ils invitent également un Oneyed Jack à venir poser des scratches sur "Holiday in France" et des Dirty District à venir ajouter leur touche sur "Baise ta vie" et "Irie style". Conclusion : un premier effort déjà excellent qui a une place à part dans la discographie du groupe de par une connotation "fusion" qu'ils délaisseront par la suite pour une mixture métal/hardcore plus traditionnelle.