Lofofora - Dur comme fer En 1999, à la sortie de Dur comme fer (le troisième album de Lofofora), Reuno et sa bande évoquaient des influences moins stéréotypées (Massive attack, Portishead, Kyuss et Queens of the Stone Age) dans les interviews et mine de rien, ce sera plutôt révélateur de la tournure qu'a pris cet album. Un disque ou les Lofofora s'essayent à des orientations artistiques qui vont contraster avec leur volonté d'antan de foudroyer l'auditeur avec une virulence musicale constante. Ils adoptent ici une démarche plus subtile et celle-ci s'illustrera à de nombreuses reprises au cours de cet album sans toutefois renier l'orientation musicale de Peuh ! ("Incarné") ni la fusion du premier album (le refrain ragga de "Serie B"). "Charisman" et "Dur comme fer" sont de bons exemples de ces tentatives d'emmener leur musique sur des territoires plus propices au développement d'atmosphères : une première partie tempérée mais à la tension palpable, une seconde phase ou Reuno orchestre la révolte des tympans avec son timbre de voix qui enflammerait la plus sage des compositions, une montée crescendo hargneuse qui atteint le paroxysme de la non-sérénité. Les Lofofora ne zappent pour autant leur coté direct et frontal mais là aussi, toujours avec cette volonté de nuancer le propos et d'apporter des variantes multiples sur la longueur de l'album : on passe ainsi de "Les gens" avec son texte acerbe et son riff bluesy à "5 milliards" qui tirent Reuno et ses Lofofora vers ce qu'ils sont capables de produire de plus extrême en matière de musique. Des textes aux préoccupations et thématiques diverses toujours excellemment bien tournés, des morceaux mi-metal mi-hardcore variés et des expérimentations réussies, c'est le menu de ce Dur comme fer où le groupe, au sommet de son art, excelle dans chaque cas de figure. D'autant plus, quand il s'agit de traiter d'un de leur passe-temps favori (la consommation de substances illicites avec "Weedo") ou de la clique de potes musiciens qui les entourent. ("P.M.G.B.O" avec Mouss de Mass Hysteria, Manu de LTNO, Fabe de Oneyed Jack et les Kabal). Un disque indispensable dans leur discographie.