Lofofora : Les choses qui nous dérangent Cinquième album studio pour Lofofora et une machinerie qui repart de plus belle, parce qu'il n'y a pas de raison qu'il n'en soit pas ainsi. Reuno fonce toujours dans le tas et remue assez justement Les choses qui nous dérangent, et il n'est pas le seul. Pillier du métal français, pulsar entre les galaxies métal et hardcore, les années ont laissé quelques rides sur Lofofora, sans pour autant leur retirer leur fougue et leur hargne, et c'est tant mieux, "Accélère" déboule à toute vitesse, guitares qui grincent, une basse toujours aussi prolixe, aux petites nuances assassines comme sur "Aveugle et sourd".
Reuno reste toujours la figure de proue de Lofofora, son charisme n'étant plus à faire, celui-ci usant les oxymores jusqu'à la moëlle sur "Humide song", distribuant les baffes à tout va sur "Rien au monde" ou l'éponyme "Les choses qui nous dérangent", écho du titre "Les gens" sur Dur comme fer et vomissant les aberrations modernes sur "Mondiale paranoïa".
Les riffs de guitares manquent un peu de pêche et d'originalité, on y retrouve les accents de l'album Le fond et la forme avec cependant des bonnes idées comme "Le pire", ou le très rock'n'roll "Mea culpa". Lofofora met des gants de velours sur "Humide song" ou plus particulièrement "L'éclipse", une voix rocailleuse, une basse mélodique, une guitare atmosphérique, mais n'oublie pas la main de fer sur "Rien au monde" ou "Mondiale paranoïa". "Humide song" glisse, ondule, s'échappe de l'étreinte qu'elle subit, se faufile entre les doigts, mais plante ses ongles sur un refrain aux paroles vitriolées, qui trouve un écho au-delà de leurs significations.
Sans l'ombre d'un doute Lofofora fait du Lofofora et reste sur ses rails, mais déplace une masse utile imposante, un Lofofora qui se laisse écouter avec coeur et avec son, moins coriace que Dur comme fer, plus varié que Le fond et la forme, avec des titres phares bien ficelés comme "Quelqu'un de bien", et toujours d'excellentes paroles, pas le meilleur album de leur carrière, mais pas le dernier.