Lofofora / Interview #2 : Reuno (mai 2001)

Le Sriracha Tour II passe par Lille, l'occasion de faire plus ample connaissance avec le monsieur de la scène métal en France : Reuno.

Et plutôt que de faire une énième interview où il doit répondre aux mêmes questions, on ne lui en a pas posé ! Seuls des images lui ont été présenté, il était libre dans toutes ses réponses, voici ces réflexions sur tout ça :

Cannes, ville de bourges, c'est une ville où j'ai habité pendant 5 ans et où habite ma fille. Une ville que je n'aime pas parce que ça représente vraiment une certaine facette de l'hypocrisie telle qu'elle existe dans notre société, c'est-à-dire que là on voit une belle jetée et c'est le seul décor, le reste derrière c'est horrible. Déjà ce n'est pas très joli comme ça mais derrière c'est encore plus laid.

C'est quoi ça, c'est Angers ? Angers, j'ai fait le con sur les remparts là, un soir, très tard... Et sinon, c'est la ville des Carc[h]arias, c'est un bon groupe, y'a une bonne amitié avec les Carc[h]arias.

Bah, voilà, c'est des types qu'on a croisé, la première fois, ils faisaient notre première partie à Angers au Chabada et y'a eu un bon feeling, un bon rapport humain, si bien que quand ils m'ont demandé de faire un morceu ensemble, ça devait être un morceu complètement hip hop, sans batterie, sans guitare, ils avaient ça sur un 8 pistes, je les ai invité lors d'un week-end qu'ils passaient à Paris à faire des prises dans mon salon et puis quand ils ont voulu enregistrer pour leur mini-album, j'ai refait les prises sur le morceau LD.

Alors là, je ne vois pas du tout de quoi il s'agit ! [rires] Masnada, c'est pareil, c'est des gens, avant même d'avoir entendu ce qu'ils faisaient aux balances, avant même qu'on ait joué ensemble, je ne sais plus où c'était, c'était dans leur région surement, il y avait déjà un truc qui passait humainement et moi je les ai tout de suite trouvé vraiment fun et j'ai bien aimé l'esprit de ces mecs-là. Après, la musique ça le fait, ils ont une bonne énergie, ça joue quand même grave en place et puis avec leurs petits doigts potelés, ils se sont démerdés à faire un putain de bon disque quand même ! Moi, je suis toujours impressionné par la volonté des gens et leur détermination donc tout comme Carc[h]arias quand ils m'ont demandé "tu veux venir faire un morceau", bah j'ai proposé d'écrire un petit bout de texte et de venir le poser. Ils pensaient que j'allais pas venir, il paraît que jusqu'à temps qu'ils me voient descendre du train, ils pensaient que j'allais pas venir ! Ils étaient encore surpris alors que moi j'étais content de le faire. Et on s'est bien marré avec eux en studio. C'est des gens avec qui on rit beaucoup Masnada, c'est bien !

Je l'ai déjà ! Franchement, c'est surement... je dois avoir dans les 500, 600 Cds à la maison et ça doit être la plus belle pochette que j'ai. Je ne l'ai écouté qu'une fois le disque pour l'instant, on a trippé l'autre soir... On était à quatre à fumer des oinj' et à écouter le dernier Tool en faisant des yeux écarquillés... Pourtant, j'ai eu du mal à aimer ce groupe au départ, je n'aimais pas trop la voix du chanteur et je trouvais leur son un peu trop clinique à mon goût mais c'est assez imparable finalement. Surtout, c'est étonnant de voir des gens avec basse, batterie, guitare, voix, un groupe de rock qui ne joue pas du rock, ce sont les seuls qui font ça, avec un son rock, ils ne jouent pas du rock. Moi, ça me fait penser beaucoup à la musique orientale, à la musique irlandaise, comme il y a de toute façon des similitudes entre la musique berbère, celtique etc... A mon avis, c'est des gens qui écoutent beaucoup de musique celtique. Il faut absolument que ma copine me traduise les paroles. A force, j'ai vraiment envie de savoir ce qu'ils racontent précisement !

Bashung, alors là, y'a peut-être des gens qui ont besoin qu'on leur traduise les paroles et ce qui est bien, c'est que chacun se les traduit à sa manière... On l'a branché pour qu'il vienne chanter avec nous après-demain, au Bataclan et là il est enfermé chez lui en ce moment, il compose pour son nouvel album. Ca c'est un putain de scoop ! C'est un bon rocker décadent, il a fait des choses super osées, toujours personnelles. Moi, j'ai un grand respect, c'est ce qui m'interesse dans la musique, même à faire aujourd'hui avec Lofofora, c'est puiser dans les racines du rock et apporter une touche vraiment personnelle, et à sa manière, il le fait parfaitement bien que ça soit avec des morceaux qi'il a fait à l'époque de "What's in a bird" et "Comment qu'on freine", ça ne ressemble à rien de ce qui se faisait à l'époque. Et ça a marché et ça continue de marcher. Voilà l'album où.. tu sais, il est dans les lentilles d'eau, c'est quoi le titre de l'album ? Ah merde, je ne sais plus... (NdR : Fantaisie militaire) Enfin le dernier album en date de Bashung, c'est vraiment un chef d'oeuvre et après un truc genre 15 albums, en arriver là, c'est la grande classe.

Bah, là, pour moi, ça représente beaucoup de temps, un temps passé... Ah ouais, t'as plié, donc il n'y a que les dates passées... C'est peu d'heures de sommeil, beaucoup de kilomètres et surtout beaucoup de kiff. Ce qui m'a le plus touché sur cette tournée là, c'est de voir que parmi les 30 et quelques, quasiment 35 personnes qui étaient sur la route, les 4 groupes, entre 35 et 40 personnes, le plus d'énergie développée par chacun de ces personnes-là étaient pour le Sriracha Tour plus que pour sa gueule, plus que pour son propre groupe. Et ça, ça me touche énormément, de voir que ça existe ! L'âme existe mes frères ! [rires]

Là, c'est le futur proche, ça va être les dernières dates... Déjà ce soir, on a déjà le petit coup de blues... On a passé du temps en tourbus, même si là, on est venu chacun avec un minibus parce que c'est moins loin etc... Et c'est une bonne manière de finir le tour parce que Lille et la région par ici, au niveau de la musique brutale, c'est ici que ça se passe avec le public pour tous les groupes ici... Et le Bataclan, voilà, finir par Paris... Paris, ce n'est plus chez moi mais je sais qu'il y a encore beaucoup de potes qui vont être là et que ça a un côté un peu symbolique la date parisienne en majuscule et entre guillemets. C'est une revanche à chaque fois qu'on joue à Paris parce que c'est la ville où on a eu du succés en dernier [rires]

[ Face à un miroir et donc son image...]
T'es encore là toi ? Voilà, t'es encore là toi ? C'est tout ce que j'ai à lui dire à ce mec là !