Buvez du cul ! Buvez du cul ! Il y a 25 ans, vous étiez en pleine tournée pour promouvoir Peuh et certainement en train de préparer Dur comme fer, votre "black album" ! Quels souvenirs gardes-tu de cette époque ?
Je me souviens qu'entre les 2 albums nous avions passé 2 jours en studio avec Kabal, un groupe de rap dont les membres avaient accompagné Rockin' Squat sur la tournée Homicide volontaire de Assassin. En revenant avec 2 titres qui faisaient plus de 5 minutes chacun, on avait plein de trucs à dire, notre directeur artistique les a écoutés, chrono en main et nous a dit : « C'est naze, y'a pas de refrain dans la première minute, ça ne passera jamais sur Skyrock ! ». Aujourd'hui, je pourrais rouler en SUV à Miami si ça tombe, si j'avais écouté ce mec. À moins de finir exclu du game à jamais pour de sombres histoires de harcèlement, après avoir gravi tous les échelons comme ça lui est arrivé...

Nous fêtons nos 25 ans, mais vous, vous vous approchez des 34, et sans pause s'il vous plaît ! Il ne reste pas beaucoup de groupes rock à avoir une telle longévité, à part peut-être les Burning Heads par exemple. Vous n'avez jamais envisagé de lâcher l'affaire à cause d'une lassitude ou autre ?
Quand la lassitude pointe son nez, et c'est plutôt rare, ce n'est jamais pour longtemps, l'envie est toujours la plus forte.

Quels sont les trois albums et les trois groupes qui t'ont marqué ces 25 dernières années ?
Hier ou demain, j'en aurai peut-être choisi d'autres mais je dirais...
- Queens of The Stone Age Songs for the deaf
- Unsane Visqueen
- Stupeflip Stup religion
Et aussi : Mark Lanegan, Brittany Howard, Turnstile...

Tu as été interviewé à sept reprises pour le W-Fenec et tu as toujours des trucs intéressants à dire. C'est important pour toi de s'exprimer et donner de la matière tant à des magazines pro qu'à des webzines ou des fanzines ?
C'est même évident, on a jamais oublié nos débuts, le moment où la moindre interview représente un semblant d'accès à un monde fait de tournées, d'euphorie et de bruit, de rock tous les jours et toujours... alors c'est plus que normal d'accorder un peu de notre temps à tous les passionnés qui s'intéressent à nous.

Il y a 25 ans, lire une chronique était quasi obligatoire tant l'écoute n'était pas toujours possible, aujourd'hui, ça a encore du sens quand tout est "streamable" ?
Je dois bien avouer que je n'ai jamais été un grand consommateur de chroniques, j'ai plutôt tendance à les survoler. C'est un exercice difficile, un genre de figure imposée, pas évident de se renouveler. Je m'en sers surtout pour découvrir de nouvelles choses. Certaines chroniques négatives peuvent même me donner envie d'écouter les disques J'ai aussi un gros problème avec le fait de donner des notes comme à l'école... Sinon, malgré le streaming, il m'arrive encore de commander un disque et d'attendre de l'avoir à la maison pour le découvrir et me l'écouter à l'ancienne.

À l'époque, avoir une connexion personnelle était encore un peu "exceptionnel", tout le monde dans le groupe était "connecté" ?
Il y a 25 ans, je n'avais pas internet, je pense l'avoir eu chez moi en 2005, avant ça j'allais dans les cybercafés pour consulter mes mails et mater 2-3 trucs, je n'y passais pas beaucoup de temps.

Ta manière d'utiliser Internet a-t-elle évoluée avec le temps ?
Pas vraiment, je n'y ai jamais eu de vraies habitudes, je fouine toujours, j'aimais bien quand blog-spot était plus vivant, ça donnait l'impression d'aller fouiller dans les bacs de disques ou les collec' de photos chez les gens. Je n'ai jamais eu de profil perso sur aucun réseau social. Aujourd'hui, c'est moi qui gère l'Instagram du groupe. J'y passe déjà un peu de temps, et j'y suis, via le compte du groupe, en majorité des artistes plasticien(ne)s.

Tu es nostalgique de cette époque où les contacts étaient plus "vrais" ?
Euh non, j'ai l'impression que j'ai surtout ça, des vrais contacts, n'ayant pas de Facebook ni de Twitter perso, les gens qui veulent me voir savent où me trouver. Sur Instagram, beaucoup d'artistes gèrent directement leurs comptes, ça nous a permis d'inviter Pengshui, un terrible groupe anglais à jouer à Paris avec nous et aussi de travailler avec le plasticien de génie Stéphane Blanquet pour un clip. C'est un des aspect cool du truc.

Et sinon, le cactus magique va-t-il prochainement piquer nos oreilles avec une nouvelle production ?
On est comme qui dirait sur la rampe de lancement vers la compo d'un 11ème album studio. Ça mijote déjà bien dans nos crânes.