Lofofora - Vanités Soyons clair dès le départ, cela fait bien longtemps que nous n'attendons plus rien d'original en terme de créativité de la part des Lofo, comme ils pouvaient le démontrer dans les années 90. Les admirateurs du parcours du groupe, dont je fais partie, souhaitent simplement de nouveaux morceaux efficaces et pêchus pour se faire à l'idée qu'il est toujours bien vivant et ultra motivé à prendre la route. Car un concert de Lofofora est une expérience immanquable à chaque fois, une véritable messe punk pleine d'amour et d'énergie avec un peu de rage et de coups de gueule sincères à la clé. C'est aussi et surtout pour ça qu'on les aime... depuis 30 ans ! Mais ne soyons pas aussi catégoriques, car les Parisiens ont su surprendre leurs fans il y a deux ans avec un très bon album acoustique, Simple appareil, qui a pu montrer à cette occasion un tout autre visage. Une petite tournée plus tard, et le groupe était déjà en train de rebrancher ses instruments pour composer et enregistrer à une vitesse assez folle onze morceaux flambant neufs. On n'a presque pas eu le temps de digérer cette plaisante "digression" artistique, que Lofofora présentait Vanités en novembre 2019.

Ce nouvel album est à l'image de ses prédécesseurs, il use d'une imparable recette rock puisant autant dans le punk, le métal ou le hardcore, avec une redoutable envie de faire des morceaux captivants, majoritairement rentre-dedans, faciles à imprégner dans les ciboulots, et dont les structures sont relativement conventionnelles pour ne pas trop dérouter son auditoire. Vanités a en effet la particularité de ne pratiquement jamais faire de place à de morceaux relâchant la tension ("Désastre" et "La surface" doivent être les seules exceptions). Reuno prouve encore une fois qu'il maîtrise de mieux en mieux son organe et envoie avec classe ses strophes assassines et ses quatre vérités à un monde qui ne fait rien pour retarder sa perte. À ce titre, la très belle pochette est de circonstance et nous ramène dans le passé par le biais d'éléments graphiques datant de Dur comme fer (le "L" typographié de l'époque et le fond tribal). Une manière un peu détournée de répondre aux acerbes critiques du style "Lofo, c'était mieux avant !" ? Vanités a, en tout cas, les armes pour faire changer d'avis les plus sceptiques.