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Interview : Lodz, Lodz soigne ses dires (juin 2017)

Lodz / Chronique LP > Moons and hideways

Lodz-Moons and hideways Lodz nous a habitués à un rythme de sénateur pour écrire et sortir ses albums, cette fois-ci ils ont une bonne excuse puisqu'en plus du Covid, le groupe a dû faire face au départ de son bassiste et de son batteur. Changer de session rythmique n'est pas chose aisée mais Julien et Erik ont intégré le groupe et son esprit pour permettre de donner naissance à Moons and hideways. Olivier (guitariste) a épaulé Fabrice Boy pour les enregistrements, Nikita Kamprad a assuré le mixage (il a son studio où il bosse pour son groupe Der Weg einer Freiheit mais aussi pour d'autres comme The Ocean) et Lad (bassiste de Nostromo) s'est chargé du mastering. Passée cette petite mise à jour sur le personnel, venons-en au plus important : les émotions transportées jusqu'à nous via les titres de ce nouvel album.

Avec de belles envolées cinématographiques et une présence plus importante du chant clair, on s'éloigne du post-hardcore pour se rapprocher du post-rock avec tout de même quelques jolies parties growlées qui devraient faire barrage aux oreilles les plus délicates. Dommage pour elles, elles ratent de grands moments qui provoquent des sensations plutôt épidermiques. Frissons, poils qui se dressent, tressaillements, c'est en effet à cela qu'on s'expose à l'écoute de Moons and hideways. D'autres effets secondaires comme la hausse du rythme cardiaque ou la fermeture des paupières pour davantage se plonger dans la musique ont également été notés chez quelques cobayes... Ainsi, et c'est plus grave, qu'une forme d'addiction, les sujets ayant écouté l'album ont tendance à vouloir le réécouter. Ils ont beau savoir ce qu'il se passe après la montée brutale de "You'll become a memory", ressentir le désespoir de "Play dead", se faire embarquer par l'aspect très rock de "Fast rewind", imaginer la patate qu'ils prendront en live sur "This mistake again", ils veulent revivre l'expérience, comme si une meilleure connaissance des titres pouvait permettre de mieux les comprendre et donc d'en profiter encore plus. Personnellement, je n'en suis pas certain, mais juste pour la science, je vais aller remettre "Pyramids" et essayer de faire Stop.

Publié dans le Mag #56

Lodz / Chronique LP > Time doesn't heal anything

Lodz - Time doesn't heal anything "Artwork classe", "émo-post-HxC", "lumineux"... Trois ans après la parution de l'article à propos de Something in us died, les mêmes expressions ou mots peuvent être repris pour Time doesn't heal anything parce que Lodz n'a pas bouleversé son univers. Acclamé pour leur premier opus, les Lyonnais récidivent avec une nouvelle collection de titres puissants et poignants servis dans un digipak sans aucune faute de goût.

Côté son, rien à dire si ce n'est que c'est là encore d'une grande qualité, celui qui règne sur les productions lyonnaises (Stereotypical Working Class, Young Cardinals, Vesperine...) continue de travailler avec eux et pour parachever le travail de Fabrice Boy, c'est Nick Zampiello qui a fait le mastering (parmi ses références, certaines ont du taper dans l'œil de Lodz comme AmenRa, Carne, Isis, Knut, Pelican, The Ocean, Torche...). Si on met de côté les moments de fragilité avec le chant clair qui surgissent parfois (sur "Negligence" mais pas sur "Shattered dreams"), le combo fait une nouvelle fois preuve d'une grande maîtrise. Les titres sont réfléchis, construits riffs après riffs, les parties gueulées ne le sont jamais gratuitement, les accords les plus graves et saturés servent le propos alors que les parties claires illuminent l'ensemble de façon rayonnante. Le contraste entre ces éclairages brillants et l'obscurité qui tombe parfois force nos yeux et nos oreilles à faire le point pour mieux profiter des variations de tons et de tempos. Pour comprendre cette ambivalence, plonge-toi dans "The sound of deceit", la douceur de la musique prend toute sa consistance quand le chant s'énerve et l'apocalypse sonore dans laquelle on est propulsé à la fin ne peut prendre du sens que parce qu'elle est précédée de moments d'une grande quiétude.

Time doesn't heal anything est un nouveau gage de la qualité des groupes lyonnais qui sont quelques uns à jouer sur les sentiments opposés et à s'amuser à confronter les ambiances. La facilité avec laquelle le groupe passe d'un état à l'autre (de la zénitude à la rage ou inversement) force le respect et suscite l'admiration parce qu'être embarqué de la sorte dans leur monde ne semble pas aussi facile sur le papier.

Lodz / Chronique LP > Something in us died

Lodz - Something in us died Artwork des plus classes (avec ce qu'on subit parfois visuellement, on le dit quand ça vaut le coup), le premier album des postcoreux Lyonnais de Lodz s'annonce déjà sous les meilleures augures. Rien à faire mais parfois, un visuel particulièrement soigné sur un packaging qui ne l'est pas moins, ça fait déjà sa petite différence. Reste à convaincre musicalement. Ce que le groupe fait avec une maestria étourdissante dès l'inaugural "Detachment" et ses 6 minutes d'une jolie déferlante émotionnelle aux crescendo aussi abrasifs qu'envoûtants. Et une vraie personnalité qui s'affirme déjà à partir du second titre de l'album "Follow the crowd" pour lequel la griffe post-hardcore/rock métallisée s'affine un peu plus de manière à prendre une coloration légèrement inhabituelle.

Moins noire que la plupart de ses contemporaines, la musique des Lodz se révèle régulièrement lumineuse laissant le tourment s'immiscer dans des éléments post-rock qui se déchaînent peu à peu pour verser dans un hard plus classieux. Loin des tentations noise/black de nombreux représentants de cette sphère musicale. Pour autant, Something in us died possède aussi sa part d'ombre, que l'on retrouve dans des arrangements sur lesquels une certaine violence éruptive reste régulièrement tapie dans l'ombre, explosant ci et là le temps d'un "Leading the rats" qui attaque très fort avant de se calmer et d'apaiser l'auditeur tout en douceur satinée. Parfois cotonneux, presque émo-post-HxC au sens nord-américain du terme (et de la scène qui va avec), d'autres fois plus cinglant ("Sulfur"), le groupe pose les fondations d'un édifice musical à la teneur sensorielle régulièrement fascinante.

Le beauté mélodique comme ligne de conduite, l'émotion brute qui jaillit de toutes parts, appuyée par une puissance de feu plus qu'honorable ("Closed hopitals"), un songwriting inspiré (sur "Walking like shades" tout particulièrement) et un savoir-faire qui, d'un point de vue strictement formel, ne souffre d'aucune contestation possible ("The rope"), Lodz fait avec Something in us died un job qui frise régulièrement l'excellence. Le seul reproche que l'on fera au groupe est peut-être d'user de sa formule artistique jusqu'à son maximum (malgré un très beau final avec "Close to the flames") et de se retrouver probablement face à une prise de risques nécessaire(s) à l'heure d'enfanter son prochain opus. A suivre donc.