Lodz - Something in us died Artwork des plus classes (avec ce qu'on subit parfois visuellement, on le dit quand ça vaut le coup), le premier album des postcoreux Lyonnais de Lodz s'annonce déjà sous les meilleures augures. Rien à faire mais parfois, un visuel particulièrement soigné sur un packaging qui ne l'est pas moins, ça fait déjà sa petite différence. Reste à convaincre musicalement. Ce que le groupe fait avec une maestria étourdissante dès l'inaugural "Detachment" et ses 6 minutes d'une jolie déferlante émotionnelle aux crescendo aussi abrasifs qu'envoûtants. Et une vraie personnalité qui s'affirme déjà à partir du second titre de l'album "Follow the crowd" pour lequel la griffe post-hardcore/rock métallisée s'affine un peu plus de manière à prendre une coloration légèrement inhabituelle.

Moins noire que la plupart de ses contemporaines, la musique des Lodz se révèle régulièrement lumineuse laissant le tourment s'immiscer dans des éléments post-rock qui se déchaînent peu à peu pour verser dans un hard plus classieux. Loin des tentations noise/black de nombreux représentants de cette sphère musicale. Pour autant, Something in us died possède aussi sa part d'ombre, que l'on retrouve dans des arrangements sur lesquels une certaine violence éruptive reste régulièrement tapie dans l'ombre, explosant ci et là le temps d'un "Leading the rats" qui attaque très fort avant de se calmer et d'apaiser l'auditeur tout en douceur satinée. Parfois cotonneux, presque émo-post-HxC au sens nord-américain du terme (et de la scène qui va avec), d'autres fois plus cinglant ("Sulfur"), le groupe pose les fondations d'un édifice musical à la teneur sensorielle régulièrement fascinante.

Le beauté mélodique comme ligne de conduite, l'émotion brute qui jaillit de toutes parts, appuyée par une puissance de feu plus qu'honorable ("Closed hopitals"), un songwriting inspiré (sur "Walking like shades" tout particulièrement) et un savoir-faire qui, d'un point de vue strictement formel, ne souffre d'aucune contestation possible ("The rope"), Lodz fait avec Something in us died un job qui frise régulièrement l'excellence. Le seul reproche que l'on fera au groupe est peut-être d'user de sa formule artistique jusqu'à son maximum (malgré un très beau final avec "Close to the flames") et de se retrouver probablement face à une prise de risques nécessaire(s) à l'heure d'enfanter son prochain opus. A suivre donc.