Quartet australien originaire de Sydney (en Australie donc pour les deux du fond qui ne suivent pas), Lo! est une entité hardcore noise doomy née en 2006 sur les cendres du groupe local Omerata, aux influences à aller chercher du côté de Breach, Converge, Old Man Gloom ou encore Mastodon. Rapidement remarqué dans sa contrée natale, le combo tourne en première partie de Doomriders ou Russian Circles mais prend son temps pour mettre en boîte son premier album. Ce qui est chose faite avec Look and Behold, effort long-format inaugural qui sort au second semestre 2011 via Pelagic Records, le label fondé par le leader de The Ocean et qui compte notamment à son roster Abraham, Coilguns, Khoma ou Kruger. Ledit album ressort en vinyl un an plus tard et c'est au printemps 2013 que Lo! livre son deuxième opus, toujours via Pelagic. Son titre : Monstrorum Historia.
Lo!
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Lo! / Chronique LP > Monstrorum historia
Deuxième album pour les Australiens de Lo!, qui débutent ce Monstrorum historia (toujours chez Pelagic Records) en posant des ambiances insidieusement sombres et ténébreuses, ce avant de laisser ses instruments cracher leurs flammes dans un maelström sludge-rock/hardcore-noisy aussi puissant qu'ombrageux ("As above", "Bloody vultures"). Une première déferlante s'abat sur les enceintes, éclaboussant l'auditeur de quelques larmes de volcan en fusion et voici que l'album enclenche sérieusement la marche avant. Musclant son propos en même temps qu'il dynamite sérieusement les amplis et accélère la cadence rythmique ("Ghost promenade", "Caruncula".) pour mieux la ralentir quelques instants plus tard au détour d'un climax émotionnel de toute beauté.
Puissant, déflagrateur, à la limite de l'éruption sonore chronique, Lo! convoque sur cet album la tension extrême du hardcore noise à la lourdeur sulfurique d'un sludge aventureux et prégnant, le tout étant mâtiné d'un zeste de groove rock'n'roll à souhait. On trouve ci et là quelques résurgences à aller chercher du côté du postcore de Cult of Luna, la hargne contagieuse d'un Kruger ou la frénésie libératrice d'un Converge, non sans oublier le côté carnassier d'Old Man Gloom. Une association d'idées artistiques qui ne pouvaient évidemment que faire des ravages. Et qui provoque ici de jolis chamboulement dans la tuyauterie auditive. Même quand les natifs de l'hémisphère sud livre une balade (heavy) doom-folk à la noirceur envoûtante ("Haven beneath weeping willows"). Qui se termine en laissant augurer de ce que va être la suite. Viscérale, sauvage, primale ("Fallen" leaves" ou "Lichtenberg figures"), elle plonge un peu à peu l'album dans les abîmes de l'Enfer, affrontant des métaphores bestiales au fur et à mesure que la musique des Australiens atteint une intensité comme une brutalité inattendue (énigmatique "Crooked path, the strangers ritual", énorme "Bleak vanity").
Monstrueux de férocité, heavy et ravageur, Monstrorum historia semble ne jamais vouloir et/ou pouvoir s'arrêter et ce n'est pas plus mal. Parce que chaque nouveau morceau est une pièce de plus à ajouter à l'édifice musical érigé par la formation basée à Sydney et rend de fait l'ensemble un peu plus compact, addictif et fascinant. Une ultime salve avec le détonant "Palisades of fire" avant l'ogive terminale qu'est "So below (before we disappear)" et voici que le groupe met tout ce qu'il a en lui dans un dernier coup de rein noise(core) sludge hard et pénétrant. Une ultime secousse tellurique parachevant ce nouvel opus signé de la main d'un groupe qui va désormais de voir cravacher très dur pour donner une "séquelle" qui soit supérieure à cet album. Parce que là, la barre mise par Lo! est quand même sacrément haute. Là on dit "respect".
Lo! / Chronique LP > Look and behold
Ils sont quatre, australiens, signés chez le toujours irréprochable Pelagic Records, inlassable fournisseurs en pépites hard de qualité supérieure (Abraham, Coilguns, Earthship...) "inspirés" par Breach (culte), Converge (ultime), Old Man Gloom (massif) et envoient des troncs d'arbres s'écraser sur les enceintes. Eux ce sont les Lo! qui dès l'intro menaçante ("Hath") de leur album inaugural, annoncent qu'ils vont défourailler les conduits auditifs façon kangourous sous LSD ou Knut (le groupe, par l'ourson allemand) ayant dévoré du Unsane au petit dej' (à moins que ce ne soit l'inverse). Et le font, insidieusement certes au début, mais plus sûrement ensuite, dès lors qu'ils lâchent les chevaux sur ce "Deluge (Carnivorous Flux)" si bien nommé. Lequel déferle sur la platine, l'ensevelissant sous des torrents de rage en fusion gorgée de brutalité animale, en même temps qu'il met ce Look and behold sur orbite.
La prod' est solide, râpeuse et le résultat ébrèche la tuyauterie au fur et à mesure que les australiens déballent les riffs incendiaires d'un "Bastion" à la fois hardcore-noisy frondeur et solidement sludge-doom métallique. Alternatif dans l'approche créative, le groupe sait très exactement ce qu'il fait et le montre : interlude aéré avec ("Seraphim"), développement patient de l'intense et corrosif "Hued tarantula", déstructuration math-core supernoïsique sur "Aye commodor", ce premier album de Lo! nécessite quelques écoutes attentives et répétées afin de se saisir de sa substantifique moëlle épinière, mais dès lors que ceci est fait... l'effet produit est hautement pénétrant ("Indigo division"). Même si à force de mélanger tout ce qui lui passe par la main (hardcore noisy, sludge doomy, metal alternatif ou mathcore subversif), le groupe tend parfois à s'éparpiller un peu (trop) alors qu'il sait faire de très belles choses, comme sur l'ambient et ténébreux "Doth" ou le très indie-rock (au départ) puis hardcore subversif (ensuite) "Moira kindle". Un peu comme si à force de jouer le jeu des sept influences, il avait décidé de rajouter une petite louche renvoyant au général Mike Patton (Faith No More, Fantômas, Tomahawk etc...) au moment de lancer un énième assaut noise(core) primal.
Parfois un peu décousu, régulièrement kaleïdoscopique mais bien souvent imparable sinon carrément jouissif, Look and behold est un album pas plus exempt de défauts qu'il n'est rempli de qualités intrinsèques annonçant l'avènement d'un Hard australien à suivre de très près (à l'image de leurs compatriotes de Heirs pour ne citer qu'eux). En l'état, il est un mélange noise/hardcore/sludge/metal doomy incestueux et turgescent qui ne perd jamais le nord et ne fait pas de quartier (ou Pas de Calais...), en témoigne ce final avec un "Fire at the Child Actors Guild" terminal et toujours sans concession.