LO! - Look and Behold Ils sont quatre, australiens, signés chez le toujours irréprochable Pelagic Records, inlassable fournisseurs en pépites hard de qualité supérieure (Abraham, Coilguns, Earthship...) "inspirés" par Breach (culte), Converge (ultime), Old Man Gloom (massif) et envoient des troncs d'arbres s'écraser sur les enceintes. Eux ce sont les Lo! qui dès l'intro menaçante ("Hath") de leur album inaugural, annoncent qu'ils vont défourailler les conduits auditifs façon kangourous sous LSD ou Knut (le groupe, par l'ourson allemand) ayant dévoré du Unsane au petit dej' (à moins que ce ne soit l'inverse). Et le font, insidieusement certes au début, mais plus sûrement ensuite, dès lors qu'ils lâchent les chevaux sur ce "Deluge (Carnivorous Flux)" si bien nommé. Lequel déferle sur la platine, l'ensevelissant sous des torrents de rage en fusion gorgée de brutalité animale, en même temps qu'il met ce Look and behold sur orbite.

La prod' est solide, râpeuse et le résultat ébrèche la tuyauterie au fur et à mesure que les australiens déballent les riffs incendiaires d'un "Bastion" à la fois hardcore-noisy frondeur et solidement sludge-doom métallique. Alternatif dans l'approche créative, le groupe sait très exactement ce qu'il fait et le montre : interlude aéré avec ("Seraphim"), développement patient de l'intense et corrosif "Hued tarantula", déstructuration math-core supernoïsique sur "Aye commodor", ce premier album de Lo! nécessite quelques écoutes attentives et répétées afin de se saisir de sa substantifique moëlle épinière, mais dès lors que ceci est fait... l'effet produit est hautement pénétrant ("Indigo division"). Même si à force de mélanger tout ce qui lui passe par la main (hardcore noisy, sludge doomy, metal alternatif ou mathcore subversif), le groupe tend parfois à s'éparpiller un peu (trop) alors qu'il sait faire de très belles choses, comme sur l'ambient et ténébreux "Doth" ou le très indie-rock (au départ) puis hardcore subversif (ensuite) "Moira kindle". Un peu comme si à force de jouer le jeu des sept influences, il avait décidé de rajouter une petite louche renvoyant au général Mike Patton (Faith No More, Fantômas, Tomahawk etc...) au moment de lancer un énième assaut noise(core) primal.

Parfois un peu décousu, régulièrement kaleïdoscopique mais bien souvent imparable sinon carrément jouissif, Look and behold est un album pas plus exempt de défauts qu'il n'est rempli de qualités intrinsèques annonçant l'avènement d'un Hard australien à suivre de très près (à l'image de leurs compatriotes de Heirs pour ne citer qu'eux). En l'état, il est un mélange noise/hardcore/sludge/metal doomy incestueux et turgescent qui ne perd jamais le nord et ne fait pas de quartier (ou Pas de Calais...), en témoigne ce final avec un "Fire at the Child Actors Guild" terminal et toujours sans concession.