Lizzard-Mesh Même si tous leurs albums précédents étaient d'un très haut niveau, Lizzard m'avait scotché avec Eroded, assurer une suite d'une qualité semblable me semblait impossible. Mais force est de constater, après de très nombreuses écoutes de Mesh que le trio sait relever des défis.

Pourtant, pour être tout à fait honnête, les premières écoutes de ce nouvel opus m'ont laissé sur ma faim. Je m'attendais à des déflagrations comme à des idées tranchantes, mais cette saveur métallique qu'on avait en bouche a disparu. Le combo, tout en gardant une certaine hargne et des attaques rageuses ("Black sheep"), a lissé les sonorités pour apporter de la douceur et se rapprocher de la couleur de Porcupine Tree ou d'autres projets de Steven Wilson. En érodant ses crêtes, Lizzard joue sur d'autres leviers pour nous faire frissonner, provoquant des réactions un peu moins physiques, mais bien plus mentales. Le trio précise son identité, laisse sa marque sans que cela ne soit trop flagrant (sortez donc la poudre dactyloscopique !). Il ne cherche plus à imposer ses titres par la force, mais préfère les voir s'installer dans nos têtes pour y activer la dopamine dès leur retour dans nos oreilles (tu verras ce que ça fait quand tu écouteras pour la énième fois "New page", "Home seek" ou le sublime "The unseen"). Alors donc que la découverte du disque ne m'avait pas totalement convaincu (j'étais encore prisonnier de l'image renvoyée par leur passé), je suis devenu totalement accro à leurs mélodies et à cette légèreté ("Minim" et son côté The Mars Volta) qui transmet une énergie hautement positive.

Le verbe "to mesh" évoque l'harmonie, le mot seul : la connexion, le maillage, c'est ce que fait le titre instrumental éponyme, mais cela convient assez bien à l'opus qui pourrait assurer un joli lien entre le groupe et un public à la fois plus large et plus exigeant.