Lizzard J'ai adoré Eroded qui me semble être votre album le plus abouti, est-ce qu'on a une forme de pression quand il s'agit d'enregistrer l'album d'après ?
Mat : La seule pression que l'on s'impose est celle d'être le plus sincère possible. On ne compare jamais notre travail actuel avec celui du passé. Nos vie évoluent, et en ce sens, le contenu de nos albums également.
William : Identifier le "meilleur" album n'est pas quelque chose que nous faisons, ni anticipons, et donc non, pas de pression pour nous là dessus ! On a la chance d'avoir des albums très différents à chaque fois sans vraiment le contrôler. Forcément, plus les albums sont différents, plus les opinions seront tranchées sur le ou les morceaux préférés de chacun.

En quoi Mesh serait-il un meilleur album que les précédents ?
M : Çà, c'est à toi de nous le dire ! Pour nous, Mesh est simplement une représentation de ce que l'on a besoin d'exprimer actuellement.
W : Je pense que nous avons exploré un côté plus posé, moins metal, de Lizzard. Ça peut être intéressant pour certaines personnes qui aiment plus le prog et moins le gros son. Sinon, la production de l'album me plait beaucoup plus que tous les précédents. Nous sommes jamais satisfaits à 100% du son d'un album, mais là personnellement, je pense que nous y sommes très proches avec Mesh.

Le terme "mesh" a plusieurs traductions possibles, laquelle a votre préférence ?
M : "Mesh" est une métaphore. Une image dans laquelle tous ces nouveaux titres se retrouvent. C'est un terme "tiroir" qui représente le lien entre toutes choses. En ce qui me concerne, "maille" serait le mot.

"Mesh" est aussi le nom d'un petit titre instrumental qui marque moins que d'autres compositions, notamment "The unseen", ça aurait pu être le titre de l'album ? Ou vous saviez que Klone allait sortir un album avec ce nom ?
M : On pense que ce titre est le plus adapté. Le morceau à été inspiré du titre, et non l'inverse. Puis, on ne savait pas pour le nom de l'album de Klone. Par contre, je sais que Klone a écouté notre album pendant qu'ils travaillaient sur le leur. (rires)
W : Non, nous n'avions pas cette information ! Qui n'aurait rien changé d'ailleurs, mais ça aurait pu être une sacré coïncidence. Peut-être que Klone aurait voulu changer le nom de leur album dans ce cas, s'ils avaient eu le nom du notre à temps !

Les textes évoquent beaucoup les relations humaines, c'est parce que votre musique joue beaucoup sur les émotions ou ce n'est pas lié ?
M : Une musique dénuée de contenant émotionnel, peu importe le thème, est-elle une "musique" ?

Vous avez enregistré les instruments et le chant avec deux techniciens différents, c'est pour une raison économique ?
M : Pour des raisons pratiques et artistiques. Les prises de sons ont été faites avec David Thiers, qui est également un de nos "ingénieurs son" en concert. Il nous connaît très bien, connaît notre son, nos points forts, nos points faibles... En plus d'être une personne très douée avec laquelle nous nous entendons très, très bien. De plus, n'habitant pas très loin d'où notre local se situe, ce fût une évidence d'enregistrer avec lui. Tout ça en accord avec Peter Junge, producteur et mixeur de l'album, qui est venu pour enregistrer les voix également.
W : Voilà, c'est plutôt pour des raisons de logistique, nous avions fait le choix d'enregistrer dans notre usine désaffectée qui nous sert de base pour composer, et dans laquelle nous avons tourné plusieurs de nos clips vidéos. Nous voulions le confort du "comme à la maison" pour les prises des instruments, et aussi profiter de l'acoustique de certaines pièces très grandes. Étant donné que David Thiers peut se déplacer avec son studio ambulant, il était plus simple de travailler avec lui que faire venir Peter Junge d'Allemagne avec tout le matériel nécessaire. Ensuite, pour les prises chant, Peter est venu avec un micro que nous adorons, le Soyuz 017, et nous avons également entamé le mix ensemble, puis il est rentré à son studio à Dresde pour finir le travail là-bas. C'était la première fois que nous travaillons en studio avec David et ça s'est très bien passé, c'est fort possible que nous recommencions pour le prochain !

Lizzard Vous allez attaquer une tournée qui vous emmène en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas... et il n'y a qu'une date en Angleterre, alors que vous êtes plus Anglais que Français... C'est si difficile de tourner là-bas ?
M : Disons que depuis le "Brexit", c'est devenu moins confortable.
W : En tous cas, c'est difficile de tourner là-bas sans perdre de l'argent pour des groupes de notre taille. Le fait que Katy et moi-même soyons anglais n'aide pas notre tourneur à caler des dates là-bas, mais en général, tourner devient de plus en plus difficile au vu des hausses de prix de frais de route, hôtels, etc...

On vous y considère comme un groupe français ?
M : Oui, évidemment.

Vous êtes tête d'affiche sur cette tournée, est-ce que vous la préparez de la même façon que quand vous ouvrez pour d'autres groupes ?
M : Tête d'affiche ou pas, on donne tout ce qu'on a ! Seules les conditions techniques nous forcent à changer quelques petites choses de-ci de-là... Mais peu importe le contexte, on ne fait pas semblant.
W : La plus grosse différence est que nous pouvons jouer plus longtemps, donc ce n'est pas exactement la même préparation. Il y a aussi un travail d'endurance qui se fait en répétition, car la plupart de nos morceaux sont énergivores, et il faut tenir jusqu'au bout sans relâche ! Nous pouvons donc construire un set plus dynamique et intéressant que lorsqu'on n'a que 45 minutes de temps de jeu.

Sur plusieurs dates, c'est Godsticks qui ouvrira pour vous, c'est un choix personnel ?
M : Godsticks nous a fait part de leur souhait de venir sur la tournée. Nous savions qu'ils avaient tourné auparavant et que leur musique est bien rodée. Ce sera un beau plateau.
W : Oui, nous avons eu pas mal de demandes de groupes pour cette tournée, ce qui nous fait plaisir. Nous essayons de choisir en fonction de la cohérence artistique et musicale entre Lizzard et le groupe qui ouvrira.

Lizzard-Mesh Il va falloir faire de la place dans le set pour les nouveaux morceaux, comment se fait la sélection de ceux de Mesh qui seront joués ?
M : On souhaite emmener le public dans un bouillon énergique avec comme maître mot : "sincérité". C'est toujours frustrant, puisqu'il y a pleins de paramètres différents à prendre en considération. Comme le temps de set, les aspects techniques... Mais on peut déjà dire que ceux qui connaissent l'album ne le regretteront pas.
W : Il y a certains nouveaux morceaux incontournables que nous avions vraiment envie de jouer, et ensuite pendant la construction du set nous essayons des choses, avec des morceaux différents, pour voir comment le set se déroule. En général, nous aimons partir fort sur le début du set, et avoir un passage plus calme au milieu, avant de finir en crescendo. Il faut surtout que le set soit cohérent du début jusqu'à la fin, il ne s'agit pas simplement de choisir les morceaux que nous avons envie de jouer et de les enchaîner. D'ailleurs, entre nous trois, nous n'avons pas toujours envie de choisir les mêmes morceaux, et donc c'est important de tester des solutions différentes.

Et il y a forcément des titres plus anciens qui vont être mis de côté, là-aussi, ça ne doit pas être simple... Un titre comme "Shift" pourrait-il disparaître de la setlist ?
M : Tout est possible ! Mais, en son temps... "Shift" reste pour l'instant un des moments clés de notre set.
W : "Shift" sera là ! C'est vraiment un morceau live qui prend vie sur scène, ce serait dommage de le mettre de côté. Pour les anciens, nous sommes encore en train de nous décider. Nous serons en résidence à la salle Des Lendemains Qui Chantent à Tulle cette semaine (8 au 11 octobre) où nous allons peaufiner le set et notre son pour la tournée de fin d'année.

Pour faire écho au très bel artwork, quelles traces voudriez-vous laisser dans le monde de la musique ?
M : Mickaël André a su représenter avec brio la simplicité du thème de cet album avec une
touche que lui seul possède, en effet. Pour répondre à ta question, "une bouffée d'air frais" serait une trace sympa dans "le monde de la musique" actuel. Après, sincèrement, si une trace doit rester, je ne suis pas persuadé qu'il faille y penser. Nous faisons les choses le plus sincèrement possible, nous avons besoin de pouvoir prendre du plaisir à en donner.
W : Même si nous aimons beaucoup nos albums, je pense que nous sommes un groupe "live".
J'espère pouvoir laisser de bons souvenirs aux gens qui nous ont vu en concert à un moment ou un autre.