Lizzard - Eroded Si tu pensais que Shift marquait l'apogée de Lizzard, c'est raté. Sans faire injure à leurs précédents albums, celui-ci est encore mieux. Encore plus précis (ils sont allés en Allemagne pour mettre leur producteur dans les meilleures conditions), encore plus fouillé, encore plus ensorcelant, Eroded surpasse donc tout ce qu'ils ont fait jusque-là, pas étonnant que Pelagic Records leur ait proposé un deal, ce label n'est pas du genre à se tromper quand il signe un groupe...

Plongeons en douceur avec "Corrosive" au cœur de ces paysages érodés, c'est une guitare claire qui nous prend la main, une nappe synthétique accompagne notre progression, le brouillard se lève, l'air se charge d''électricité et les premiers vrais coups pleuvent avec "Blowdown". Au poids de ces mesures, le chant, transperçant et poignant, vient amener un contraste qui laisse passer un frisson et provoque une certaine piloérection. Sûr de son coup, Lizzard envoie alors un riff tournoyant (tu sais, cet effet de boucle dont Gojira raffole), offrant ainsi une autre dimension à un titre qui était déjà énorme. Osant tous les mariages, les Français (c'est parfois bon de le rappeler...) poursuivent leur œuvre d'amalgame entre sons purs et distordus, attaques métalliques et mélodies rock, tension nerveuse et sérénité, sans jamais tomber dans aucun excès (même quand ça part très fort comme sur "Flood"), s'autorisant juste de rester calme le temps de quelques plages ("Eroded", les interludes "Usque ad terram" et "Inertia" à l'atmosphère très Toolienne). Et bien que certains passages très massifs occupent sacrément l'espace, on se dit parfois qu'ils pourraient aller encore plus loin et saturer le chant ("Avalanche") mais ils ont fait le choix de garder sa lumière, comme pour nous guider dans les méandres de leurs réflexions musicales.

L'ascension de Lizzard n'était donc pas terminée, comme Klone, ils continuent de se perfectionner et ont conquis l'Europe, ne reste désormais qu'à aller titiller les A Perfect Circle et Chevelle sur leurs terres. Ou si l'extension du territoire n'est pas à l'ordre du jour, conserver un tel niveau d'écriture suffirait déjà largement à notre bonheur...