Conscient de son niveau, le Linkin Park part de zéro, soit la note obtenue par chacun de ses albums jusque là, le boys band ne peut que faire mieux et pour se détacher de son image de groupe préfabriqué, a préféré jouer la discrétion pour se recomposer. Ainsi, Emily Armstrong (Dead Sara) traîne avec le groupe depuis plusieurs années et c'est presque "naturellement" qu'elle en devient la chanteuse officielle au moment de remettre le couvert. Un choix de proximité plus intelligent que de prendre n'importe quel perdant d'American Idol qui aurait trop ressemblé à un clone de Chester. Pour le batteur, pas d'audition en mode télé crochet non plus, mais le recrutement de Colin Brittain, un pro qui a joué dans un groupe au nom évocateur (Oh No Fiasco).
Linkin Park ne va pas chercher trop loin ses titres et choisit d'attaquer avec "The emptiness machine", contrairement à ce que je pourrais écrire, ce morceau est plutôt correct, la "machine à vide" vaut bien davantage pour la fin de l'opus où à part un peu de double chant bien utilisé, on ne trouve plus rien d'intéressant, tu peux donc t'épargner "Stained", "IGYEIH" ou "Good things go" si tu espères un sursaut dans le final. Titre correct, c'est donc un des meilleurs de ce From zero qui ne délivre au final qu'une bonne surprise, je la garde pour la fin... Avant ça, il faut passer par "Cut the bridge" avec un rap tout pourri (quelqu'un devrait dire à Mike Shinoda qu'il n'est pas Eminem), Emily arrive à la rescousse avec une belle mélodie, mais qui nous amène sur un refrain assez dégueulasse... Les parties rap sont mieux tenues sur "Heavy is the crown" et "Two faced", mais les deux plages cherchent désespérément un peu de relief, la chanteuse de Dead Sara fournit beaucoup d'efforts pour sortir l'auditeur de sa torpeur et quand elle réussit enfin ("Two faced"), les guitares et le scratching l'assomment de nouveau. Dommage. C'est le sentiment qui domine, si on isole le chant féminin et qu'on y met une vraie partie instrumentale, on pourrait avoir quelque chose... La preuve avec "Over each other" où les musiciens n'apportent strictement rien et rendent mièvre des lignes vocales qui arrivent pourtant à marier douceur et sensibilité rock. Quand on remarque le backing band, c'est quand il abuse de ses réglages et sature totalement les parties pesantes d'un "Overflow" qui méritait mieux en terme de production. On ne s'attendait à pas grand-chose, on n'est pas donc pas déçu si ce n'est que Linkin Park est capable de nous sortir un "Casualty" assez hardcore, c'est le seul titre qui prend des risques et ils sont payants, même si ce n'est pas diffusable en heavy rotation. C'est un des rares morceaux écrits par le groupe sans apport extérieur avec "The emptiness machine" et "Two faced", peut-être que pour exister le combo devra s'imposer et éviter de laisser d'autres (une perdante de X-Factor, un pote de Machine Gun Kelly, un producteur de renom de blockbusters de l'industrie musicale...) venir leur co-écrire des chansons...
From zero, Linkin Park monte sa note à 6 voire 7 si on bonifie les intentions, eh oui, il faut être "bienveillant" et encourager les cancres à faire mieux en leur donnant de bons résultats avant de voir la réalité de leurs efforts. Le groupe ne pouvait pas faire pire, encore fallait-il qu'il fasse mieux, c'est pas ouf mais on ne transforme pas une haridelle en étalon du jour au lendemain.
Publié dans le Mag #64



