Limp Bizkit : l'autre groupe que l'on adore détester avec [ censuré parce qu'on est des lâches et qu'on ne veut pas de procès ] revient empiler un tas de billets verts histoire de se payer des filles, de la dope, de belles caisses et de mettre tout ça en scène dans une jolie sex-tape bien graveleuse filmée par Fred Durst, starring... euh Fred Durst. Bon, on rigole mais vu le niveau du clip shooté pour le morceau-titre de l'album présentement chroniqué, ça risque de virer glauque. Mais là n'est pas le sujet. Ou pas complètement. Parce que Gold cobra est l'album qui doit répondre à LA question (dont la réponse n'est pas 42... comprenne qui pourra).

A savoir : le groupe a-t-il encore une crédibilité artistique après une fin de règne en queue de poisson (non pas de vanne sur la sex-tape de FD svp) : un Chocolate starfish and the hot dog flavored water au box-office certes pharaonique (un score à deux chiffres en millions de copies écoulées) mais passablement massacré par la critique et un Results Mary Vary qui est une honte pour la honte elle-même ? Parce qu'entre-temps, il y a quand même eu The Unquestionable Truth Part. 1, premier volet d'une trilogie discographique avortée et qui a redonné une certaine crédibilité artistique au groupe. Un semi-retour en grâce accompagné d'une jolie branlée dans les charts (pas de vanne on a dit) qui laissait donc alors sous-entendre que non... Limp Bizkit n'était pas encore complètement mort.

Voici donc six ans plus tard Gold cobra, ce fameux sixième album, maintes fois annoncé, autant de fois repoussé (on a même par moments cru à un nouveau Chinese democracy), sorti (enfin?) par le biais d'une major (en l'occurrence Interscope/Universal) qui a, assez étrangement, laissé le groupe commettre l'ignominie visuelle de l'année en terme de pochette. Désolé, mais là c'est quand même abominable. Cet "artwork" qui ne figure donc pas sur la présente chronique (parce que le mauvais goût a ses limites), mais sur l'édition "standard" de l'album jeté en pâture dans le commerce. Une petite recherche sur Google Pix plus tard et là quand même, ça va loin dans la médiocrité graphique. A tel point qu'au départ on a pensé à une blague. Sauf que non. Le directeur artistique était juste aveugle. Ou sénile. Ou les deux. Quoiqu'il en soit, à l'heure du téléchargement illégal massif, difficile de faire mieux pour donner envie de... pas acheter le CD. Le pire dans tout ça, c'est qu'il vient méchamment saloper un album en fait pas mal branlé du tout.

Une intro(bra) tendue comme un string et qui annonce une belle orgie sonore à venir, "Bring it back" et son groove "jumpdafuckup-style" vient confirmer cette jolie petite impression naissance. Riffs taille patron signé d'un Wes Borland qui revient démontrer une ultime fois (comme ça on n'en parlera plus) qu'il est LE mec doué de la bande, un flow qui percute parce que Fred Durst est quand même touché plus efficace quand il rappe que quand il tient la caméra (ou qu'il se filme en train de... bref), le reste suit et ça sonne drôlement bien. Le crash-test passé, on démonte la mécanique avec le morceau-titre de l'album : ce "Gold cobra" qui nous renvoie quelques 15 ans en arrière quand les LB étaient quasiment les maîtres du monde. Le pur single du genre "plus que efficace que ça tu meurs même qu'à chaque nouvelle écoute tu accroches un peu plus et que finalement tu le passes en boucle toute la journée sans décrocher". Bon après, pas non plus de miracle, le biscuit nous démoule quelques friandises aux saveurs un peu fast-food (un "Shotgun" très oubliable ou un "Loser" bien paresseux) avant de facturer de la grosse mandale néo-métal qui envoie du lourd avec "Get a life" hargneux qui démonte tout sur son passage façon Blitzkrieg ou "Douche bag" au texte bas du front certes - en même temps si Fred Durst était une tronche ça se saurait - mais vulgairement bien troussé quand même. Et de poursuivre dans la voie du retour en grâce avec la fausse ballade pop-rock redoutée mais finalement pas si dégueu ("Walking away"). Comme quoi tout arrive.

Sur Gold cobra, on passe d'un titre pas mal à un autre un peu poussif ("Autotunage") et à chaque fois qu'on se dit que le groupe va se planter royalement, il sort un titre de la trempe d'un "Why try" dont on ne sait trop où et que l'on se prend en travers de la gueule sans savoir comment c'est arrivé là. Lethal. A l'image d'un "Shark attack" qui balade son flow sur un sillon néo-metal certes bien old-school mais pas ici pour autant has-been, Limp Bizkit confirme qu'il n'est pas qu'une cible mouvante pour chroniqueur frustré mais encore un groupe qui fait valoir ses qualités et son potentiel, parfois limité il est vrai mais certainement supérieur à bon nombre de groupes très actuels. Et si l'album dans sa version Deluxe tend à s'éterniser un brin, 16 titres c'est peut-être/sans doute/vraiment un peu too much pour eux, (cf : "Back porch", "My own cobain" qui ne servent strictement à rien sinon à remplir et à justifier les quelques euros supplémentaires déboursés alors que de toutes les façons, l'artwork était là pour ça), Gold cobra n'a rien de la purge escomptée et balance même quelques rafales nu-metal bien senties. Ouais, finalement le LB gang respire encore...

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