Avec un titre pareil, il ne faisait guère de doute que le premier effort de Lilium Sova allait envoyer sérieusement du bois dans les conduits auditifs. Tripartite chaos, où l'alliage métallique de trois éléments : noise, postcore et jazz expérimental, qui s'entrechoquent à une vitesse étonnante pour nous cautériser les tympans. Une classification périodique hardcore qui sied parfaitement à un groupe dévoilant pas moins de onze morceaux pour quelques 26 minutes de musique ("seulement" a-t-on envie de dire), des compos qui ne dépassent qu'à deux reprises les 3 minutes et un assaut auditif quasiment discontinu, les suisses n'y vont pas vraiment avec le dos de la cuillère. Dès "Mercure", Lilium Sova pose les bases d'un album pas comme les autres. Saturation abondante, disto abrasive, riffs lourds, gras et oppressants, une machinerie musicale qui se met en branle avec l'efficacité d'un bulldozer expérimental qui va tout démonter sur son passage et un principe de base respecté à la lettre.
Le but affiché par le groupe étant de faire un maximum de bruit... À 3, reconnaissons que l'objectif est plus que rempli. Mais le trio ne se limite pas qu'à ça. Il s'offre ainsi quelques péripéties expérimentalo-free jazz déviantes sur "Ad lib" avant de refaire parler la poudre sur "Ex cave" ou "Kernel panic". D'une lourdeur presque inconsidérée, le groupe nous met à genou et enfonce ses riffs dans le sol à la force du manche. Ce n'est plus un disque, mais une véritable séance de trépanation musicale et les suisses se sont fait plaisir, arrosant ici l'auditeur de riffs postcore corrosifs plongés dans un magma noise en fusion avant de laisser leur inventivité s'exprimer sur quelques plans jazz expérimentaux foudroyants. Matérialisé par des titres de la veine de l'effrayant "Noire", d'"Endeavour" ou du plus groovy "Moose", la puissance de feu schyzophrénique de Lilium Sova emmène l'auditeur dans les tréfonds de l'âme humaine. Sulfurique, bipolaire et torturée, le groupe mêle habilement un duo basse/batterie en mode "déflagration" et un saxophone tout droit sorti du royaume d'Hadès. Ajoutons à cela d'éminents spécialistes du genre : Michael Schindl (Impure Wilhelmina, Vancouver), JP (Rorcal, Lost Sphere Project) et Nabo (de LSP et Kess'khtak), plus besoin de secouer le tout bien fort pour obtenir un cocktail musical hautement psychotique mais furieusement addictif ("Highly wicked", "Bore" et ses lignes de basse hallucinantes...). Bluffant, mais à ne pas mettre entre n'importe quelles oreilles ("Stase"), faute de quoi, ni le groupe ni nous-mêmes ne reconnaîtrions nos responsabilités en cas de dommages irréversibles causés par un tel traitement de choc sonore.
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Lilium Sova :
Chronique LP / Tripartite chaos
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