letlive. - The blackest beautiful C'est l'histoire d'un groupe qui envoie une pure bombe en guise de titre inaugural chargé de déflorer les enceintes et son nouvel album studio, The blackest beautiful, sorti par l'intermédiaire de la mini-major Epitaph (Converge, Motion City Soundtrack, Parkway Drive, Weezer...). Un groupe qui est depuis quelques mois la grosse sensation en matière de crossover musical en provenance de la grande Amérique et mélange allègrement rock alternatif, fusion aux confins du hip-hop metal et post-hardcore salvateur dans le même tube à essais. La meilleure illustration de ce très efficace maelström hargneux et tourbillonnant a pour titre "Banshee (ghost fame)" et fait sauter la banque. Voilà, ça c'est fait. On valide.

Sauf que la suite n'est pas du tout du même calibre. "Empty Elvis" donne dans le punk-hardcore aux mélodies marshmallow indécentes qui compense son manque d'à peu près tout ce qui fait un titre acceptable (et notamment la réussite de son prédécesseur) par une débauche d'énergie qui conduit le groupe à en mettre plein partout inutilement. Sans jamais toucher la cible. Un plantage dans les grandes largeurs que ne viennent réellement rectifier ni "White America's beautiful black market" ni "Dreamer's disease" même si on ne peut pas non plus parler du fiasco d'"Empty Elvis". Seulement, malgré une bonne volonté de façade, une hargne éminemment communicative, le songwriting pêche trop souvent par excès de facilité pour créer quelque chose qui tienne la route sur la durée. "That fear fever" tente bien de remettre les choses en ordre de marche, sans succès.

On s'achemine vers une déception à la hauteur des promesses suscitées par le morceau d'ouverture de ce Blackest beautiful et c'est alors que letlive. refait surface avec un "Virgin dirt" d'écorché vif avant de sombrer complètement sur l'infâme et putassier "Younger". Imprévisible, insaisissable et flirtant constamment entre fulgurances étourdissantes ("The dope beat", "The priest and used cars") et médiocrité crasse ("Pheromone cvlt"), le troisième album des natifs de la Cité des Anges frustre le critique autant qu'il le ravit (ou inversement) sans que l'on sache au final s'il faut garder à l'esprit que la moitié de l'album soit à jeter ("27 club") ou à garder précieusement. Impossible de dire que cet opus soit un bon disque comme un mauvais, on se retrouve gentiment écartelé entre fascination et rejet. Excitation turgescente comme déception brutale en se disant que cet effort-là a décidément trouvé un titre à l'ironie flagrante.