Lessen - A nebulous being A peine plus de deux années après l'excellent A redemptive decay, Lessen remet le couvert avec un album au moins aussi abouti (et ce n'était pas une mince affaire). De nouveau parfaitement enregistré au Benhanced studio et encore superbement illustré, A nebulous being apparaît rapidement comme la suite logique (et espérée) de son grand frère. Si le contexte était différent, j'oserais dire qu'on ne change pas une équipe qui gagne... (sauf que là, le capitaine s'en va).

Le chant growlé entendu au début de l'album ("Many faced god", référence à Game of Thrones ?) n'était là que pour faire peur, beaucoup moins efficace que tous les autres, il accroche un peu l'oreille là où la multiplicité des tonalités et des rythmes vocaux sont un vrai régal (écoute ne serait-ce que "One more rise" pour avoir une idée). La facilité avec laquelle Lambö attaque les différentes parties est un énorme atout, il a décidé de quitter le groupe après le concert de la release party (le 16 septembre), son remplaçant a donc du pain sur la planche pour égaler ses performances puis imposer son style... Des chants différents, parfois effacés, parfois dédoublés, qui se complètent, qui s'entrechoquent et qui sont parfaitement intégrés aux ambiances musicales, elles aussi multiples et maîtrisées. Sachant tout autant manier la force et la puissance que la délicatesse, guitares et rythmiques s'en donnent à coeur joie pour nous balader d'un état à un autre. Si bourriner n'est pas toujours des plus compliqués, calmer le jeu et écrire des transitions aussi douces que subtiles n'est pas des plus aisés. Lessen en réussissant cet amalgame mérite donc sa place au rang des bons groupes de post-Hardcore et la qualité de ses passages plus éthérés, dominés par les instruments, met une jolie trempe à quelques groupes post rock ("Above us").

Aussi soyeux que percutant, aussi tranchant que réconfortant, A nebulous being porte bien son nom, troublé, marqué par la tristesse, inquiet et inquiétant, il hésite entre l'ombre et la lumière, vacille entre deux mondes où il se sent bien et où on a envie de le suivre. Bref, s'il ne fallait que deux mots pour résumer cet album : majestueux et magistral.