Last minute to Jaffna  Vol I Il y a parfois des sorties de disques un peu maudites dans le petit monde des musiques hard & indé. De celles dont, à cause de la crise systémique qui ravage l'industrie (mais également parfois le paysage indépendant), on n'entend parler un temps avant de les voir échapper mystérieusement par les "mauvaises" grâces d'une communication multi-labels rencontrant certaines limites, à savoir que c'est finalement quatre ans après la sortie dudit disque que le média reçoit l'objet, entre-temps devenu un objet de désir quasi collector. Last Minute to Jaffna et son Volume I paru en 2008, en faisant suite à un EP ayant lui vu le jour en 2006 est de ceux-là. Alors même que le groupe turinois a depuis mis la touche finale à un deuxième album ainsi qu'à un EP acoustique, son premier opus long-format débarque, enfin serait-on tenté de dire, dans ces pages. On aura failli attendre.

Mais parce que la patience est la plus grande des prières, les piémontais démontrent en cinq actes que l'attente n'était pas veine et que l'art délicat du mélange des genres est quelque chose qu'ils maîtrisent comme peu de monde. D'un post-screamo/hardcore/rock aride mais ténébreux, voire sépulcral ("Chapter X"), à un post-metal(core) plus dense parce que frondeur et survolté ("Chapter VI"), le quintet LMTJ démontre qu'il sait parfaitement tout faire, en témoigne les quelques passages plus apaisés et raffinés de ce second titré pré-cité. Un (court) interlude ambient fantômatique plus tard ("Chapter VIII") et voici qu'après cette césure scindant l'album en deux, le groupe peut de nouveau s'offrir une nouvelle vingtaine de minutes de musique, réparties sur deux autres chapitres ("Chapter V" et "Chapter XI"), au cours desquels Last Minute to Jaffna va laisser entrevoir d'autres facettes de sa musique. Une tendance à l'indie-rock racé mais sous tension pour le premier nommé (avant une nouvelle explosion de corrosion émotionnelle sur son final), une collusion inter-genres pour le cinquième et ultime titre de Volume I, comme la synthèse définitive de ce dont sont capables ces cinq italiens, à savoir beaucoup de belles choses en matière de hard mais pas que...