Lamb of God - Resolution Il a fallu un an aux cinq de Lamb Of God pour écrire Resolution. Non pas qu'ils n'aient pas eu envie de s'y mettre. Mais simplement parce qu'après cinq albums, passer du temps en famille et profiter un peu ne peut qu'être bénéfique. Ils ont respiré, changé des couches, parfait leur art du barbecue et s'y sont remis tranquillement, à la maison.

Sur Resolution, Lamb Of God ne se donne pas de réserves, de marges de manoeuvres. Les titres oscillent entre des tempi raisonnables ("Terminally unique") ou dithyrambiques ("Cheated") sans que l'enchaînement des riffs ne donne beaucoup d'air. A côté, In Waves de Trivium, c'est du doom.
Pourquoi cet acharnement à aller vite? D'abord pour s'affirmer. Lamb Of God est un groupe technique et groovy à la fois. Ils savent très bien le faire et prouvent une nouvelle fois leur maîtrise de l'exercice. Soit. Autre raison un peu plus pratico-pratique: Lamb Of God, en live, suit une piste "click", pour ne pas dévier de la pulsation. Les tempi sur scène sont donc les mêmes que ceux sur CD (pour "Desolation", autour de 140BPM) qu'en live et ne possèdent pas cette énergie supplémentaire que vous donne l'adrénaline une fois sur scène. Si on reprend "In Waves" de Trivium, il est joué à 152BPM en studio et à... 162BPM en live
Cette volonté de "remplir" chaque titre d'une multitude de riffs et d'enchaînements date des débuts de Lamb Of God. C'est leur esprit punk, leur attrait pour la vitesse. A la longue, on fatigue. La seule pause, c'est avec "Barbosa". Et tant qu'à faire, on s'en passerait bien.

Le potentiel de songwriting est inégalement réparti parmi les cinq membres du groupe. Mark Morton (guitare) prend clairement le dessus, même si un titre comme "The Undertow" est signé par la doublette Willie Adler/Randy Blythe (on le sent d'ailleurs du point de vue musical avec cet excès de complexité cher à Adler). Et même quand l'ami Morton se réveille et nous propose du groove et un peu d'air ("Insurrection" par exemple), il nous pourri tout ça avec un déversement de pinched harmonics (spoiler alert: une fois que vous aurez remarqué cette technique de jeu dont Zakk Wilde reste le maître, vous n'entendrez que ça). Il n'y a que dans ses solos et le riff punk de "Invictus" que cela n'ajoute quelque chose. Partout ailleurs, c'est dispensable.

La production est très similaire à celle de Wrath. Josh Wilbur est une nouvelle fois derrière la console. L'américain fait sonner Lamb Of God comme jamais, c'est très impressionnant et ça vous entoure la tête de murs de guitares. Mais il ne s'est pas arrêté là: c'est lui qui est derrière les violons et la chanteuse d'opéra présents sur "King Me". Il a poussé le groupe à aller au-delà de ses propres attentes et c'est le job de n'importe quel producteur. Mais l'arrangement est passable, anecdotique. Pourquoi? Parce que ce sont les violonistes eux-mêmes qui l'ont écrit. Quitte à essayer d'étendre le champ musical de Lamb Of God, autant essayer de le faire soi-même, avec le risque de se planter. Au moins on aurait pas eu l'impression d'avoir déjà entendu ces staccatos un peu partout.

Ne vous méprenez pas. Resolution reste un excellent album. Mais le meilleur élève du métal américain aurait pu prendre le risque de sortir du "par-coeur".