Lamb Of God - Sacrement Il est rare d'enchaîner deux albums reconnus tour à tour album de l'année par la presse spécialisée anglo-saxonne. Même quand on s'appelle Lamb Of God et que l'on est capable de tourner avec des poids lourds comme Opeth ou Chimaira, le challenge est de taille. Surtout qu'après Ashes of the wake, il fallait se lever tôt et suer dru pour donner une suite à la hauteur. N'écoutant que son envie, le combo s'est enfermé pendant quelques semaines dans leur local, chez eux, à Richmond en Virginie. Là encore Machine (producteur de groupes comme Clutch ou Every time I die) est venu aiguiller les phases de pré-production, avec cette fois un peu plus de liberté que sur Ashes of the wake, où il n'avait quasiment pas eu son mot à dire. Avec un statut de groupe issu de l'underground et maintenant fermement installé aux manettes d'une nouvelle génération de groupes américains, Lamb Of God continue néanmoins à prendre des risques malgré sa maîtrise évidente de l'exercice.
Côté éléments fondateurs du "son" Lamb Of God, on retrouve dans Sacrement le chant si familier de Randy Blythe, une batterie infernale et ce son de guitare si particulier, avec peu de gain et beaucoup de dynamique. On oublie les powerchords au profit de phrases complexes exécutées la plupart du temps à l'unisson par Willie Adler et Mark Morton. Une technicité incarnée par un "Redneck" qui n'en finit pas de partir dans tous les sens, une rapidité digne de Slayer dans "Pathetic" ou encore une lourdeur Panter-esque sur "More time to kill". Utilisant toujours les mêmes outils, Lamb Of God produit néanmoins une première partie d'album à couper le souffle. "Walk with me in hell" qui passe de riffs atmosphériques à un mid-tempo à déchausser les molaires, "Again we rise" et son faux ternaire à en perdre pied, "Redneck" et son pont survolté, une montée en puissance au fil des titres et qui se maintient sur les rapides "Pathetic" et "Foot to the throat". Pour ceux qui en douteraient encore, Lamb Of God sait encore comment hacher menu ses fans.
Dans un album de pur métal comme celui que les américains nous offrent ici, difficile de déceler les éléments changeants d'un enregistrement à l'autre. "Descending" en est pourtant un, toute une plage de Sacrement qui se détache du reste par son apparente simplicité et son ternaire lancinant. Un titre signé Mark Morton qui n'a pas rencontré l'unanimité au sein du groupe lors de la phase d'écriture, Chris Adler en tête. Preuve de l'intelligence du groupe, "Descending" finit par figurer sur Sacrement et y trouve logiquement sa place. "Blacken the crusade sun" exploite un côté épique que l'on avait rarement rencontré dans la discographie des américains. Presque six minutes de sonorités recherchées, une progression toute en puissance qui se termine dans un flot polyrythmique.
Quant à dire que Sacrament se place au-dessus d'Ashes of the wake, c'est s'avancer. Car Ashes of the wake a bénéficié d'un effet de surprise qui a pris le monde du metal par derrière. Répondant à une demande de grosse claque dans la tronche, Sacrament ne partait pas à armes égales avec son prédécesseur, même si le résultat est proche.