L'Homme Puma

Biographie > loin du nanard, prés du coeur

L'Homme Puma est un film italien de 1980, une daube intersidérante qui copie Superman mais ce n'est pas le sujet ici, non, L'Homme Puma qui nous intéresse est le groupe formé à Caen en janvier 2005 par Jérémy (chant, machines), Adrien (guitare), Clément (basse) et Loïc (batterie). Fin 2006, le quatuor se fait connaître en sortant un split avec Sugartown Cabaret avec qui ils ont fait pas mal de concerts, à ce propos ils ont aussi pas mal joué avec Neïde, Dying in Motion, ou The Eye of Time. Un split fort bien emballé où ils n'ont que 2 titres, un premier bien écorché, l'autre orienté post-quelque chose (sic), le son et le style de Sugartown Cabaret n'étant pas à mon goût, j'avais laissé le disque de côté, un peu à regret tant "On a marché sur la lune" méritait qu'on s'y attarde. C'est durant la même période (juin 2006), au même endroit (Caen) et avec la même personne (Rodolphe Besnehard) qu'ils enregistrent les morceaux de leur premier album, éponyme, L'Homme puma sort en avril 2007 chez Communication is not Words.

L'Homme Puma / Chronique LP > Bandanascope

L'Homme Puma - Bandanascope
Plutôt difficilement étiquettable jusque-là si ce n'est par "bonne musique", L'Homme Puma a depuis perdu deux de ses membres et nous propose un projet très différent car collectif et marqué par l'empreinte de ses co-géniteurs et du duo électro Bosco qui produit ce Bandanascope pour le moins ... azimuté. Car ça part un peu dans tous les sens, les maigres frontières que s'étaient dessinées le combo vont au clash avec leurs invités comme Liza (This is Pop et François (Bosco) sur "La jetée", Britney Spears sur "Lace and leather" ou Clément (Mathieu Scoott) sur "Time warping". Et même quand ce sont des amis plus proches musicalement comme Mickaël (Parween) ou Marion (Salsa Cinderella) sur "M Buddy", ça reste déconcertant. On retrouve des sons graves et une rythmique puissante mais les ambiances créées par le groupe dans le passé sont mises de côté, l'ensemble est bien plus froid et plus proche du robot machine que de l'homme animal. Décontenancé à la première écoute, les titres font ensuite leur chemin jusqu'au cerveau et fonctionnent mais il ne faut pas être frileux pour s'y replonger, peut-être un de ces jours...

L'Homme Puma / Chronique LP > On remplace les yeux cassés

L'Homme Puma : On remplace les yeux cassés Après avoir ébloui de leur classe tous ceux qui ont écouté leur premier album L'Homme puma, il fallait bien un peu de chirurgie oculaire réparatrice, et malgré le peu de concert et la faible rentabilité du rock indépendant qui triture les méninges, L'Homme Puma se permet de sortir ce nouvel opus en vinyle puis en CD.
Métal progressif, post rock, math core, les étiquettes collables sur L'Homme Puma sont multiples comme leurs sources d'inspiration et les émotions qu'ils transmettent, chacun trouvera des similitudes avec différents groupes qui ne sont pourtant pas voisins, personnellement, j'entends des relances de guitare à la Tool sur "On remplace les yeux cassés" et "Velours et pourpre" me fait penser à du Mogwai... Les samples jouent un rôle important, ils teintent les compositions et ouvrent la porte à la réflexion sur leur utilisation, que ce soit des dialogues récupérés ("Wronki") ou une récitation militaire (l'ode This is my riffle de "Surtout dans les coins"). Ajoutez à cela une superbe pochette, clairement lynchéenne (encore un lien avec le cinéma...) et vous avez tous les ingrédients d'un chef d'oeuvre...
Et pour contrebalancer l'image sérieuse qu'une telle maîtrise d'un rock jugé parfois élitiste ou intellectuel, le groupe donne à ses oeuvres des titres décalés : qu'ils soient énigmatiques ("On remplace les yeux cassés"), cinématographiques ("Catherine Deneuve"), sous forme de slogans emprunts de nostalgie ("Plaisir d'offrir") ou mixant calembour et références musicales ("Toy division")...
Les fans de la première heure n'en doutaient pas, cet album ne les surprendra pas, L'Homme Puma donne toujours dans l'excellence, pour ceux qui ne se sont pas encore penchés sur leur cas, cette nouvelle sortie est une occasion rêvée de se plonger dans leur musique les yeux fermés.

L'Homme Puma / Chronique LP > L'homme puma

l'homme puma L'Homme Puma c'est une claque de plus pour ma pomme, assez amateur d'émo écor(e)cheur, très touché par les post trucs (post-rock et post-hardcore). Le combo évolue entre ces deux eaux, dans un tiroir que l'on appellerait bien "post-emo-core" si on avait que ça à foutre que de cataloguer les styles musicaux. L'Homme Puma c'est simplement une nouvelle "petite tuerie" dans la lignée de Tang ou Burning Each Day, deux combos qui n'ont pas peur d'exposer des sentiments non seulement au travers d'un chant qui joue avec les tripes mais aussi en laissant parler les instruments et les samples. Ici, le chant, s'il est impeccable dans ses parties emo/screamo (Caen est la ville d'Amanda Woodward, on fait pire comme modèle...) n'est presque qu'un accessoire, les textes souvent incompréhensibles (même en français) mais écrits sur le digipak, sont donc instrumentalisés. Ce sont des éructations qui renforcent la tension, l'expression des frustrations, des déceptions et du pessimisme ambiant ("Solidaire dans la déchéance", "L'homme respectable"). Le chant est donc un instrument pour mettre en lumière le désarroi, il complète la musique qui par son côté chaotique apporte de grandes éclaircies quand les guitares s'élancent dans l'inconnu et que leurs sons clairs viennent nous cisailler le bide. Les voix qu'on entend le plus sur L'homme puma sont celles qui proviennent de samples : ici un discours de Charles Manson ("Wyniki tlumaczenia dabrowski"), là un enregistrement totalement stressant ("6h22 un 20 septembre") mélangé au générique d'Amicalement Votre au piano et à des sonneries de téléphone, des films cultes (dont au moins deux Kubrick : Full Metal Jacket et Barry Lyndon, "Toute pudeur mise à part") et même un extrait de Charles Bukowski ("Eloge des petites mains").
La folie comme la réflexion tiennent une grande place dans le message délivré par L'homme puma, à l'image de l'artwork, c'est un message travaillé qui nécessite de l'attention, du discernement, un message parfois crypté ("Un week-end au lac Salmon"), un message aux lectures et interprétations multiples, un message qui nous laisse libre.
Bluffant.