Kylesa - Ultraviolet Pas de chance pour Season of Mist qui avait pourtant misé plutôt gros sur cette signature (comme celle de Dillinger Escape Plan soit dit en passant) afin de grandir pour survivre dans la jungle impitoyable de l'industrie du disque, c'est sur la structure hexagonale que Kylesa, tout fraichement débarqué de ce côté-ci de l'Atlantique, avait commis il y a deux ans et demi le moins réussi (et de loin), des cinq albums composant alors sa discographie. Spiral shadow semblait être un album quelque peu ambivalent, coincé entre les habitudes créatives du groupe et ses envies d'autre choses moyennement assumées. Un disque de vraie/fausse transition (du moins on l'espérait) dont les réponses aux interrogations alors posées devaient fatalement intervenir sur l'opus suivant... Ultraviolet présentement chroniqué.

Logique et somme toute assez naturel donc qu'"Exhale", morceau d'ouverture de ce sixième essai long-format des américains, soit scruté sous toutes ses coutures lors de son débarquement sur la platine. Lequel se révèle assez vite plutôt massif et d'une efficacité retrouvée du côté des natifs de Savannah. Expéditeurs d'une première ogive bien lourde et gorgée de ce cocktail stoner/sludge aux effluves psychédéliques qu'affectionne tout particulièrement le désormais quintet aux deux batteurs (depuis l'album précédent à vrai dire), les Kylesa démontrent, à défaut d'effacer évidemment tous les doutes pesant sur eux après la difficile expérience de Spiral shadow, qu'ils sont encore capables de barbouiller les amplis d'une bonne dose de gras. Sauf que dès "Unspoken", les choses se gâtent un peu, le groupe semblant de nouveau se chercher artistiquement en ne sachant pas trop dans quelle direction s'engager en termes d'écriture.

Quelque part entre une volonté de s'orienter à la fois vers des horizons space-rock psychédéliques ("Grounded"), sludge bouillonnant de rage contenue mais étrangement allégé par des tentatives mélodiques au mieux convenues, au pire terriblement maladroites ("We're taking this"), prog' faussement hargneux au chant clair ("Long gone"), Ultraviolet est un album qui égare un peu l'auditeur au beau milieu de toutes ces pistes. Jusqu'à ne plus ressembler à rien et ennuyer un auditeur profondément lassé par cette débauche d'effets qui ne parviennent aucunement à masquer le manque d'idées d'un groupe qui devrait s'offrir une sérieuse remise en question en termes de composition (l'atroce "What does it take"). D'autant que certains titres sonnent très "approximatifs" en ce qui concerne leur exécution technique/vocale ("Steady breakdown", "Vulture's landing"). Alors quand les Georgiens accouchent d'un "Low tide" particulièrement neurasthénique, l'envie d'interrompre l'écoute et d'arrêter définitivement les frais se fait dangereusement pressante. Et comme la suite (et accessoirement fin) n'est ni pire, ni meilleure...

Encore raté.