Kylesa - Spiral shadow Intro légère et fuselée, Kylesa prépare le terrain, sans appuyer pour l'instant là où ça fait mal, tout en douceur avant de frapper une première fois avec un "Tired climb" inaugural qui se révèle au final déjà bien dévastateur pour un lancement. Là déjà ça sent bon... profitons-en, ça ne va pas durer. Plus rock'n'roll (stoner ?) et hargneux que jamais, le groupe décide alors de brouiller un peu les plus, avec "Cheating synergy" et ses textures presque progressives par moments d'abord, "Drop out" ensuite, armé d'une sévère force de frappe aussi instrumentale que vocale et ruisselante d'une saturation qui envahi les tympans comme un véritable tsunami sludge metal. Particulièrement percussif, sensuel de part les interventions orales de la belle Laura et méprisant les règles les plus élémentaires de l'engagement métallique, le Kylesa cuvée 2010 est donc foncièrement une sacrée mandale musicale (se référer à "Crowded road" pour s'en convaincre). Du moins sur les quatre premières titres. Parce que rapidement, on sent bien qu'un truc cloche.
Car s'il est particulièrement inventif, Spiral shadow semble manquer de cette folie qui ravageait des fondements au grenier Time will fuse Its worth et Static tensions. Par moments ouvertement génial (la seconde moitié de "Don't look back") ou passablement convenu (la première du même titre, un "Distant closing in" trop désincarné pour imprimer sa marque), il a tendance à manquer de nerfs, de souffle, d'envie de tout retourner sur son passage. A mi-album le constat est clair, Kylesa est un poids-lourd et ne peut pas se planter. Mais il ne convainc pas complètement non plus... et plus le temps passe, moins il y parvient. Le verdict est similaire sur la suite, voire pire encore : "To forget" et "Back and forth" sont des titres tout à fait corrects mais n'ont rien de jubilatoire là où les deux précédents efforts du groupe nous avaient habitués à de sacrées baffes bien couillues. Et que dire des très poussifs "Forsaken" et "Spiral shadow" sinon qu'ils sont des ratages absolus manquant d'à peu près tout ce qui faisait justement la force des natifs de Savannah jusqu'alors. Disque du changement (label, orientation artistique), ce nouvel album présente un Kylesa en mode "light", la grosse furie des débuts ayant progressivement disparu des radars (si ce n'est les deux premiers titres) au profit d'un post-quelque chose psychédélique, old-school et légèrement aseptisé... un comble pour un groupe de cette trempe.