Kylesa - Static tensions Avant toute chose, il y cet l'artwork a l'étrangeté fascinante signé John Dyer Baizley (il est du reste également l'auteur des visuels de Baroness), que l'on aime ou pas, mais qui magnétise l'auditeur, avant même que celui-ci ne dépose le disque dans la chaîne hi-fi. Ensuite il y a le contenant. Le matériau brut, qui, après Time will fuse its worth, doit donc succéder à un disque qui a marqué les esprits au fer blanc. Enfin, il y a l'envie. Ce désir d'en découdre avec les Kylesa que l'on devine, que l'on sait revenir avec sous le bras, une nouvelle fournée de compositions aussi fougueuses qu'éraillées, claires/obscures et toujours insaisissables. Game on.
Static tensions donc, un disque dont on attend forcément beaucoup, ne serait-ce qu'après s'être frotté à l'inédit que les Kylesa avait placé sur la compilation Falling Down ("Set the controls"), et qui commence sur les chapeaux de roue avec "Scapegoat". Véritable manifeste metal punk sludge, ce premier titre met les choses au clair d'entrée de jeu. 3'24 de grosse décharge de décibels et d'une fusion guitare/batterie qui compresse les membranes auditives pour balancer en pleine figure son énergie foudroyante. Une déflagration qui nous arrive droit dans les mirettes et qui met tout le monde d'accord. Frontal. Un coup de Trafalgar d'entrée, histoire de mettre KO l'adversaire avant la troisième reprise. Les Kylesa ont réussi leur coup... alors ils enchaînent nous infligent tour à tour un "Insomniac for months", un "Said and done" puis un "Nature's predator" qui ne font toujours pas dans la demi-mesure. Effarant d'efficacité, le groupe ne joue pas, il puni. Round 2 : Game Over.
Et non, toujours pas "over", car les américains ont beau n'avoir fait qu'une bouchée de la concurrence, personne ne pliera bagage tant qu'ils ne l'auront pas décidé. "Unknown awareness" comme "Running red" sont à ce titre de pures tueries. Mélodies démentes, harangue métallique, esprit punk qui transpire de ces riffs de grattes qui arrosent les enceintes, sonorités orientalisantes et efficacité cinglante, Kylesa is back et est plus affamé que jamais. Alors, pour combler son appétit vorace, le groupe s'offre un menu plutôt copieux composé de brûlots féroces et litres d'acide sulfurique déversés à même les amplis ("Almost lost", "Only me"). Quelques petites touches d'élégance typiquement féminine avec le petit filet de voix de Laura Pleasants sur "Perception", puis le groupe boucle l'affaire avec un "To walk alone" qui synthétise à la perfection ce que l'on groupe a pu semer ci et là tout au long des dis morceaux précédents. Donc, c'est punk, c'est metal, c'est inventif et inspiré. A l'image du reste de ce nouveau Kylesa donc : une grosse baffe dans la gueule et puis c'est tout.