KoRn - The paradigm shift Depuis une dizaine d'années, KoRn nous a habitué à constamment bouleverser son travail, ne conservant que quelques pierres angulaires pour se faire reconnaître (la voix de Davis, la basse de Fieldy), The paradigm shift ne déroge pas à la règle... Même si The path of totality n'était pas à proprement parler un album du groupe (vu le nombre de collaborations et l'idée de base), on trouve ici un nouveau KoRn, encore. Quelque part entre Take a look in the mirror et See you on the other side, avec des éléments qui font penser à Follow the leader et le retour de Head aux affaires qui plaiderait pour un vrai Remember who you are. Bref, The paradigm shift est une somme d'influences et d'étapes dans la vie de KoRn et cet amalgame en fait un nouvel album, un "nouveau modèle" avec un peu de tout de ce qui représente KoRn depuis 20 ans. Chacun y trouvera des passages intéressants mais si l'ensemble est plutôt bon, on ne peut être pleinement satisfait du résultat final. Pire, on se dit qu'on ne le sera plus jamais.

Grosse intro à l'ancienne, "Prey for me" accroche le vieux fan dès les premières secondes. Le passage plus calme avec un Jonathan Davis vindicatif qui enchaîne avec une mélodie bien lourde aurait trouvé sa place sur Follow the leader et il faut bien avouer que ça fonctionne... Alors qu'à l'époque, un titre comme "Got the life" cristallisait les critiques à l'encontre du groupe qui adoucissait sa sauce pour convaincre plus largement et s'attirer les "Got-the-lifers", aujourd'hui on s'en contente allègrement. Les arrangements, les breaks, les petits sons de guitares de "Mass hysteria" sonnent également comme quelques titres du troisième album ("It's on", "Freak on a leash"), pour "Punishment time", ce sont les passages graves et la basse qui font tilter la boîte à souvenirs. "What we do" est un cran en-dessous car trop prévisible (j'aurais préféré qu'il soit trop "Predictable") et un peu une caricature en soi de la patte KoRn. Cela dit, il est moins pénible que "Spike in my veins" qui, malgré un bon riff rock n' roll, s'embourbe dans de l'électro bidouille à hauteur du déplorable "Never never"... Pas de bol pour l'auditeur inattentif, ce sont les deux titres qui ont été mis en avant à l'automne, les moins bons de l'album selon moi (avec le mou du genou "Lullaby for a sadist").

Où est donc The paradigm shift ? Le fameux changement de paradigme du titre-même de l'album se trouve peut-être dans l'alliance entre les côtés sombre, gras et "old school" du combo d'une part, de l'autre avec la pointe (affûtée) de samples et de sons frais venus des machines. A l'écoute de "Love & meth", "Paranoid and aroused" ou "It's all wrong", on peut penser que ça a de l'allure : certes ce n'est plus le KoRn qui nous a éclaté les tympans dans les années 90, ce n'est pas non plus celui qui s'est enlisé dans les nouvelles technologies et tendances de ces dernières années, mais c'est un nouveau KoRn. Et il tient la route... jusqu'au prochain et une nouvelle direction artistique ?