Fieldy - KoRn Fieldy - KoRn Est-ce que tu peux me décrire le processus d'écriture de ton autobiographie ?
J'ai beaucoup exploré mon passé et c'était laborieux parce qu'il fallait faire l'effort de se souvenir. C'était un gros travail, qui a pris à peu près un an et demi. Je voulais pas le faire, parce que c'était un travail énorme, il fallait creuser encore et encore, ressortir les photos des tournées, les livres, se rappeler de toutes les histoires...

Écrire ce livre, c'était quelque chose de pénible pour toi ?
Pas pénible mais un peu triste, surtout quand tu regardes en arrière pour voir comment tu as détruit des amitiés. Surtout que certaines de ces amitiés sont toujours détruites. Certains de mes amis de l'époque ne le sont plus, à cause de tout ce que j'ai fait. D'autres ont construit des murs. Quand tu passes 20 ans à construire un mur entre toi et les autres, ça prend 20 autres années pour le détruire. Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

T'es prêt à consacrer 20 ans de ta vie pour réparer tout ça ?
Oui, c'est ce que je fais. Mais ça demande beaucoup de patience, ça ne fait que trois ou quatre ans. Ça va prendre énormément de temps. Et puis si ces murs restent debout, c'est que dans un sens c'était le destin.

C'était important pour toi que les autres membres de KoRn lisent les lettres que tu leur a écrites au moment de la sortie du livre et pas avant ?
Je ne pense pas que ce soit important, la manière ne compte pas. Si ça n'avait pas été dans un livre, j'aurais pu les publier ailleurs, peu importe. Mettre ces lettres dans mon livre était ce que je souhaitais de tout mon cœur, et c'est ce que j'ai fait. Il n'y a rien de mal à partager de l'amour.

Quelles ont été les réactions de ton entourage à ton radical changement de vie ?
Certaines personnes pardonnent plus vite que d'autres, donc chacun a eu une réaction différente par rapport à ça, ça ne change pas. C'est un travail permanent. Par exemple ma femme est quelqu'un qui pardonne assez facilement. Les réactions ne sont jamais les mêmes parmi les personnes que je connais.

Dans "Got the life" tu décris les précédentes tournées comme des moments où les membres de KoRn ne se parlent pas, ou alors 5 minutes avant les shows. Comment c'est maintenant ?
C'est complètement différent. On ne s'est jamais aussi bien entendus que sur cette tournée, de toute notre carrière. On est heureux d'être les uns avec les autres, dans les loges ou ailleurs, quand je ne fais pas d'interviews (regard ironique).

Pourquoi avoir choisi de travailler de nouveau avec Ross Robinson pour le prochain album ?
On a commencé à travailler ensemble il y a 16 ans, et même plus si tu prends en compte les démos qu'on a fait avant KoRn. Donc maintenant qu'on est un peu plus vieux, c'est comme si on est de nouveau des adolescents qui commencent un groupe dans un garage. On n'enregistre rien là-bas, on fait juste les pré-productions. En fait on est vieux mais de nouveau jeunes (rires). Et puis avoir Ross avec nous, c'est comme une réunion de famille, à l'ancienne.

C'est quelque chose que vous recherchiez, un son roots ?
Carrément. Tu sais les batteries ne sont pas reprises, Munky et moi jouons sur des petits amplis. On a le sentiment d'être à l'époque où on commençait, et c'est véritablement comme ça que ça sonne. Et puis après avoir fait tous ces enregistrements avec des moyens énormes, c'est bien de retourner aux racines et de se débarrasser du superflu.

Vous tournez en plein milieu de l'enregistrement du nouvel album...
Oui c'est vrai. Ca faisait un peu plus d'un an qu'on était chez nous, donc cette tournée c'est pour sortir un peu de ça, de la routine, etc... C'est presque des vacances pour nous, on se vide la tête pour arriver en studio fin prêts.

KoRn - Bataclan KoRn - Bataclan Tu considères toujours KoRn comme un groupe de néo-métal ?
On n'a jamais collé à aucun style depuis qu'on a commencé, mais ce son ne me dérange pas. Je m'en fous en fait. Mais c'est ce dont on se rapproche le plus. En 1999 on a fait une tournée qui s'appelait "Rock is dead". Tout le monde dit que le rock est mort, que le métal est mort etc... Mais on est toujours là à faire d'énormes shows. Comment un style peut-il être mort quand tu joues devant 80 000 personnes comme on l'a fait au Rock Am Ring la semaine dernière ?

Tu as l'air moins rock star qu'avant, mais sur scène tu bouges plus. Ça vient d'où ?
(rires) On monte sur scène et c'est la musique qu'on entend qui nous fait bouger. Je suis en harmonie avec ce que je ressens sur scène, et j'y peux rien. On joue une musique agressive et j'adore devenir complètement dingue sur scène. Ça dépend des personnes, moi c'est ma manière de m'exprimer.

Tu travailles en ce moment sur une chanson au profit de la famille de Chi (bassiste des Deftones dans le coma depuis plusieurs semaine - ndlr).
Oui j'ai ce projet et tout l'argent récolté ira à la famille de Chi pour financer ses soins médicaux. J'ai plusieurs musiciens impliqués dans le projet : il y a Ray (Luzier) de KoRn, moi à la basse et Jim Root de Slipknot sur une partie de la chanson. Sur l'autre partie il y a Clint Lowery et Morgan Rose de Sevendust, Dave McClain de Machine Head. Plus j'aurai de personnes disponibles, plus il y aura de monde contribuant à ce projet.

Raconte-moi un peu comment tu as rencontré Chi...
À l'époque KoRn et Deftones avaient des démos qui circulaient. KoRn faisait quelques shows à Sacramento, dans des petits clubs. On a entendu parlé de ce groupe et on a beaucoup accroché à leur son. On s'est rencontré et on est vite devenu de bons amis. On a fait des shows ensemble et depuis ce jour on est proche.

D'un point de vue personnel, ça t'a aidé de sortir une autobiographie ?
En fait le plus difficile a été d'arrêter d'écrire, de ne pas en faire un autre livre pour continuer. Dans ma vie je suis aujourd'hui assez loin du point où j'en étais quand le livre est sorti. Je voulais continuer parce que depuis j'ai traversé des nouvelles étapes dans ma vie. Donc j'ai le sentiment que je pourrais écrire plus, sur comment je gère telle ou telle situation, qui je suis à ce moment précis de ma vie. D'ailleurs j'écris, mais je fais un break puisque je me consacre à l'écriture de musique. J'ai un album solo, de basse, qui va bientôt sortir. Ce sera instrumental, soul, jazz et funk...