Korn - Untitled A peine 18 mois aprés See you on the other side, pouvait-on penser qu'Untitled n'en serait pas une simple suite ? On a beau d'être habitué à trouver un groupe moins mordant, moins impliqué en tant que groupe, car aprés le départ pour l'Eglise de Head, c'est David Silveria qui a pris ses distances avec KoRn (ou Jonathan Davis ?). Des batteurs d'usine de grande renommée l'ont remplacé pour enregistrer les titres (Brooks Wackerman (Bad Religion), Terry Bozzio (Frank Zappa, Jeff Beck, Fantomas...)) mais leurs frappes précises ne sont pas celles de Silveria... Aux trois membres originels restant, il faut ajouter Atticus Ross qui a pas mal bossé avec Trent Reznor (pour NIN mais aussi l'arlésienne Tapeworm) et rempile aprés avoir travaillé sur une partie de See you on the other side. Pas de quoi s'exciter pour le fan déçu par le précédent album mais c'est toujours mieux que The Matrix, le trio qui a commencé le boulot et qui était surtout connu pour avoir produit Avril Lavigne, Britney Spears ou Shakira. Avant de parler musique (!), encore un mot sur l'artwork qui pourra rebuter certains alors qu'il correspond bien plus à KoRn que les précédents : mélange de chair et de métal, mixage entre les mondes humain, végétal et animal, il met mal à l'aise quand on l'explore et est donc très réussi.
Untitled se laisse écouter du début à la fin et c'est bien là le souci. Sans aspérité, ultra propre, tout en finesses électroniques et arrangements de production, jamais KoRn ne nous prend à la gorge et nous attaque les oreilles. Les tempos sont modérés, la basse est muselée, les graves sont au placard, alors qu'on aime le KoRn tempétueux, le temps est au beau fixe, c'est même le calme plat durant une grande partie de l'album (l'enchaînement des "Kiss", "Do what they say", "Ever be" et "Love and luxury" est très long). Certes, Jon' Davis se plaît à fabriquer des ambiances malsaines (suite à sa plutôt bonne expérience au scoring de La reine des damnés) mais à part sur une "Intro", est-ce qu'elles ont leur place sur un album ? Parce qu'à aller en profondeur on se retrouve au mieux avec un "Killing" (dont il faut éviter les dernières secondes) qui ne fait que rappeller la période Follow the leader et la rupture "Got the life", au pire avec un "Hushabye" qui alterne jolis passages calmes et énervements malheureusement sans conviction, au final, l'amalgmae de ces atmosphères avec des riffs plombés laisse un arrière-goût amer comme si le travail n'était pas terminé, comme si ni KoRn, ni Davis, n'étaient allés assez loins ("I will protect you"). La rage qui habitait les jeunes banlieusards de Bakersfield a disparu depuis longtemps, leurs élans ne font plus mouche ("Innocent bystander") et même quand ils sont à fond et renouent avec leurs origines on reste de marbre ("Hold on"). Et pourtant, le trio a toujours de bonnes idées et la première partie d'Untitled laissait présager de bonnes surprises, les "Starting over" et "Evolution" bénéficiant d'une énorme dynamique et du bon dosage entre effets de productions (sur les voix, les sons ajoutés, le traitement de la guitare...) et rythmique. Entre ces deux bons titres, on a un "Bitch we got a problem" teinté d'électro ultra accrocheur, mais aprés l'excellent "Evolution" et le désespéré "Hold on", Untitled s'effondre, ne tenant pas le choc de la grandiloquence ("Ever be" !) et ne réussissant pas le grand écart entre ses origines, simples, terrestres, directes, violentes, sans retenue, et ses aspirations, complexes, aériennes, réfléchies, adoucies.
Avec ces deux derniers albums, KoRn s'est enterré dans un monde de studio et de show live démesuré, ils s'éloignent de plus en plus de leur base, vivant davantage dans un monde ouaté que watté, un monde où les lignes de vie sont monotones, vivement l'électro-choc.