Kongh § Shadows of the shapeless Artwork annonciateur de l'imminence d'une l'Apocalypse qui semble inexorable, près de 57 minutes de destruction sensorielle, cinq titres de metal downtempo d'une lourdeur écrasante à déconseiller aux dépressifs chroniques, voilà en deux mots le contenu du deuxième album long-format des Suédois de Kongh. Shadows of the shapeless met l'auditeur sous sa coupe, une véritable chape de plomb lorsque les riffs métalliques s'abattent sur nos conduits auditifs. "Unholy water" réserve quelques moments de calme certes, mais quand les éléments instrumentaux/vocaux se déchaînent, c'est l'Enfer sur Terre. Le groupe assénant avec force ses compos sans se soucier une seconde des dommages auditifs qu'il va entraîner. Il n'est pas là pour ça. Mélange de sludge agressif, de doom-rock dépressif et de downtempo déviant, le tout assaisonné d'un léger soupçon de black metal, "Essence asunder" et son quart d'heure de pilonnage haineux est sans doute le titre le plus représentatif de ce dont est capable le trio. Des hurlements qui déchirent l'atmosphère, une production poisseuse, heavy, malsaine, à la noirceur extrêmement palpable - âmes et tympans sensibles s'abstenir - Shadows of the shapeless n'est certainement pas à mettre entre n'importe quelles mains. Le groupe y développant un mélange des genres déjà vu par ailleurs, notamment parmi ses congénères de Khanate ou Old Man Gloom (également chez Trust No One Recordings), mais le faisant avec une maîtrise rare, tant dans les crescendo les plus psychotiques que dans les moments de calme relatif et incertain. Schizophrénique. Le propos est ici résolument nihiliste, Kongh empilant les riffs les plus pachydermiques, engluant l'auditeur dans des sables mouvants métalliques dont il ne peut réchapper, afin d'apposer invariablement sa marque, au fer rouge si nécessaire. Etouffant. D'autant que lorsqu'il réduit la voilure de ses morceaux ("Tänk På Döden" et ses seulement 4'23 d'agression sonore), c'est uniquement pour permettre à l'auditeur de respirer un peu. Avant de remettre ça sur "Voice of the below" puis l'éponyme "Shadows of the shapeless", mettant par là-même en scène sa violence exacerbée pour mieux laisser parler la bestialité. Accents rock bienvenus, un chant qui est relativement en retrait, utilisé par les Suédois comme un instruments de plus au sein de leur musique, un metal protéiforme à haute teneur acide, une secousse sismique dont on ne se remet pas comme ça. Dantesque.