Klone-The unseen The unseen... Ce qui n'est pas vu... Ou ce qu'on n'a pas vu venir, car les riffs de Meanwhile tournent encore dans ma tête que Klone nous livre déjà un autre album. Pour des histoires de contrat, leur label a exigé qu'ils travaillent vite et non seulement ils ont bossé vite mais ils ont aussi sacrément bien travaillé parce que ce The unseen est absolument exceptionnel !

Dans un laps de temps réduit, Guillaume a ressorti certaines idées et le groupe a œuvré dans un même état d'esprit pour agrémenter sa guitare d'une ambiance qui renforce l'idée de paisibilité et de sérénité. Bien plus proche de l'atmosphère de Le grand voyage que du plus heurté Meanwhile, Klone vient nous effleurer l'esprit et les oreilles avec des compositions soyeuses. Seul "The unseen" contient encore quelques traces de rage dans son final qui prend aux tripes et qui produira, en live, des instants où nos poils se hérisseront, emportés par la tension et l'électricité qui circulera alors dans l'air. La voix de Yann a cette faculté de transpercer toutes nos défenses pour atteindre nos cœurs, elle les embarque avec elle, elle les cajole, les bichonne, créant un cocon dans lequel on se sent bien et qu'on ne voudrait quitter pour rien au monde. Les lignes mélodiques de "After the sun" ou "Slow down" sont d'une pureté rarement égalée, les instruments comme le chant rivalisent alors de délicatesse pour arrêter le temps. Si les harmonies vocales nous servent de guide à travers ce monde où l'invisible semble devenir tangible, les musiciens n'ont que rarement autant été mis eux aussi en valeur. Plaquer et répéter un riff est à la portée de beaucoup, jouer avec les nuances, choisir chaque note, varier les tonalités demande bien plus de compétences. Que ce soit le saxophone de Mathieu (plus qu'un simple invité perpétuel) sur quelques pièces dont "Interlaced" qui menace régulièrement de craquer mais contient sa violence, la basse d'Enzo (j'adore les ponts de "Magnetic" ou son côté lead sur "Spring") ou la batterie de Morgan (qui frappe toujours juste et ne s'économise vraiment que sur "Spring"), les comparses de Guillaume (principal compositeur) se font leur place sans que personne ne tire la couverture à soi. Le guitariste s'offre aussi quelques jolis passages et s'essaye à quelques aventures avec de nouveaux effets comme ceux entendus sur le refrain de "Desire line" qui me rappellent le meilleur de Filter.

Et maintenant ? Alors que les dernières prestations scéniques du groupe m'ont chamboulé, dans quel état vais-je me retrouver quand l'heure du live sera venue ? Je ne serais pas étonné de voir quelques larmes couler devant tant de beauté, d'ici là A devouring impatience comes over us, till we feel the pleasure grow...