Klone a atteint des sommets avec Le grand voyage mais, contrairement à Icare se rapprochant du soleil pour finalement chuter, le groupe a su garder ses distances pour ne pas se brûler les ailes et rester là-haut, au-dessus des nuages pour nous proposer ce Meanwhile...
Si le ciel est menaçant (encore un artwork sublime), le chant de Yann et les guitares amènent de la sérénité, les notes sont claires, étincelantes, "Within reach" peut bien s'obscurcir, le ton peut bien se durcir, on sait qu'on ne sera jamais abandonné par cette lumière qui brille toujours quelque part, même au cœur de l'orage. C'est aussi ce qui rend encore plus beau cette foudre qui s'abat sur nous au cœur du morceau, on profite du spectacle de l'orage en se sentant en sécurité. Ce premier morceau est d'un niveau d'écriture assez exceptionnel, il donne le ton... Si l'architecture de "Blink of an eye" est plus classique, le titre bénéficie du renfort du saxophone, d'une jolie ligne de basse et de samples intrigants pour tirer son épingle du jeu. Le poignant "Bystander" joue sur la tension et une lente progression vers une explosion déchirante, je le trouve moins "efficace" que "Within reach" mais comment ne pas être touché et ému en l'écoutant ? Si "Scarcity" n'offre pas de prise particulière, c'est un de ces morceaux qui donne du corps à un album, Klone révise ses (hauts de) gammes pour nous préparer à un "Elusive" très immersif, la distorsion emplit l'espace, les différentes couches d'instruments se complètent, le mixage sublime la composition, c'est un petit régal. On plonge ensuite en "Apnea", une guitare chaleureuse échange avec des boucles assez froides, le groupe se frotte à d'autres sonorités, varie le chant et brise sa routine et repousse toute monotonie. Le saxophone de Matthieu se refait une jolie place sur "The unknown" et me laisse espérer de le revoir un jour en live avec le groupe... De par son refrain tranchant, lourd et puissant, "Night and day" témoigne de cette nouvelle force qui ne passe pas forcément par la vitesse d'exécution, l'atmosphère est privilégiée à la percussion. Un peu plus rythmé "Disobedience" mise sur les cassures et des sonorités fouillées pour tirer son épingle du jeu, c'est réussi, aussi. Sans fausse note jusque-là, on sait que Klone a de nouveau écrit un somptueux album, le titre éponyme enfonce le clou, entre les arrangements, le clavier, la montée dans les graves, les variations rythmiques ou le chant sirénien, on ne sait plus où donner de la tête dans ce tourbillon émotionnel.
Masterclass de Klone, Meanwhile installe un peu plus le combo au firmament. Véritable valeur refuge pour parer à la tourmente, on se sent toujours bien en écoutant leurs créations, quand bien même la mélancolie ou la rage s'en emparent, on y est comme chez soi.
Publié dans le Mag #54