"On joue à Lille bientôt, tu viens ?" Quelle question ! Le temps de rentrer du boulot, de se faufiler dans la circulation, d'insulter le GPS qui a complété l'adresse avec "Rue des Charmes" au lieu de "Rue des Champs" (c'est presque pareil, y'a juste 10 minutes de différence !), de se garer à une centaine de mètres car le parking est plus que blindé et me voilà à temps pour une belle soirée dans la métropole...
Junon
Il aura fallu attendre le 2 décembre pour que je mette les pieds, les oreilles et les yeux au Black Lab, nouvel épicentre de la vie musicale lilloise. Le lieu (magnifiquement décoré et aménagé) propose à la fois des salles de répétition, un studio d'enregistrement, un magasin, un bar, un restaurant et une salle de concert ! Le projet ambitieux est devenu une réalité, un vrai lieu de vie pour les musiciens locaux qui peuvent y grandir mais aussi un lieu de passage, bientôt obligé, pour les groupes d'envergure internationale qui voudraient rencontrer leur public dans des conditions idéales dans un esprit très "familial". C'était ma première fois mais en à peine quelques minutes, j'étais déjà chez moi ! Je n'étais pas venu spécialement pour faire du tourisme mais il est important de partager ce genre de sentiments, pas toujours semblables dans les grandes salles de concert. Si j'ai bravé le froid en ce vendredi soir, c'est pour vivre une soirée avec un plateau de haut niveau puisqu'il présente trois groupes que j'aime énormément.
Avec décontraction, ce sont les régionaux de l'étape qui ouvrent la soirée, Junon monte sur scène et ne met pas longtemps à tout fracasser ! Les ex-General Lee ne font pas dans la dentelle, si, sur disque, on trouve des moments de répit, sur scène, la tension ne redescend jamais, même les parties plus mélodiques semblent prendre leur élan pour nous mettre une mandale. Et si une impression de fin du monde chaotique émerge de la scène, l'ensemble est sacrément carré, le hasard n'a pas sa place et ne l'aura jamais de la soirée.
Lizzard
Cela fait 10 ans que j'écoute Lizzard et je ne les avais jamais vus en concert ! C'est désormais chose faite et je vais réécouter leurs albums différemment car c'est une sacrée démonstration qu'ont livré les Limougeauds. Laissant beaucoup d'espace "vide", ils ne sont que trois et assez éloignés les uns des autres, leur musique emplit la salle de bonnes ondes. Ce qui est bluffant, c'est qu'en studio, on écoute un truc assez cérébral, très pensé, qui semble demander une précision d'horloger et une concentration maximale alors que sur scène, le trio la joue à la cool, déconne "la prochaine, c'est ma tournée...", et prend juste du plaisir à partager ses titres. Pourtant, ces morceaux sont bel et bien ceux qui sont gravés sur disque avec des variations rythmiques, des envolées, des moments de grâce et d'autres plus martiaux. Je suis aux anges et la salle est également conquise.
KLone
La tête d'affiche du soir est Klone, eux, je ne compte plus les fois où je les ai vus et je serais donc bien plus critique sur leur prestation. Et pourtant, j'ai la chance de déjà connaître un peu les titres du nouvel album à paraître en février, donc je rentre assez vite dans le show qui débute avec trois extraits de Meanwhile ("Within reach", "Night and day" et "Bystander") et le hit désormais incontournable "Rocket smoke". On sent que ces morceaux ne sont pas encore totalement maîtrisés, le mix est ajusté en direct, il y a un peu de flottement, peut-être aurait-il fallu les jouer plus "tard" dans le set plutôt que d'attaquer "à froid" avec ceux-là. Il n'y en aura pas d'autres ce soir, pas de "Apnea" ou de "Meanwhile" mais je croise les doigts pour qu'ils soient présentés sur la prochaine tournée. Avec le classique "Immersion", le public trouve des repères et le combo se lâche davantage, cette deuxième "partie" du concert sera bien plus chaleureuse et détendue, les titres de Here comes the sun, Black days, The dreamer's hideaway ou Le grand voyage nous emmènent en terrain connu. Les Poitevins jouent ce soir sans artifice, ils n'ont pas embarqué leurs films et c'est donc sans les superbes images hypnotiques qu'on profite de "Keystone", sans celles du clip qu'on écoute l'ultime "Yonder", uniquement avec le jeu de scène (Aldrick et Guillaume sont en forme) qu'on vibre avec "Nebulous". Même si c'est toujours un bonheur de vivre l'expérience Klone sur scène, j'ai préféré leur concert, plus immersif, de Dunkerque en novembre 2019. Les Lillois, eux, ne gâchent pas leur plaisir, ils en redemandent et dévalisent le stand de merch' en réclamant au groupe de plus nombreux passages dans les environs... Après la date de Nantes, le lendemain où il n'y avait plus qu'un seul débardeur à vendre, le combo prend un peu de repos avant de repartir en tournée au moment de la sortie de l'album...
Black Lab: site officiel (25 hits)
Merci à Guillaume et aux Klone, bravo à l'équipe du Black Lab, coucou à Alex et aux Junon, à Bru (Unswabbed), Thomas et Jool (Ananke).
Publié dans le Mag #54