Klone - Le grand voyage Gong, Katatonia, The Pineapple Thief... voilà quelques groupes que Klone rejoint en signant avec Kscope, le label de Steven Wilson (Porcupine Tree et bon nombre d'autres projets) qui sélectionne ses artistes avec goût et parcimonie, une sorte de Graal pour les Poitevins qui n'ont jamais caché leur amour pour le génie anglais. Quel grand voyage pour arriver jusque là puisque les débuts étaient bien plus métalliques, mais depuis 2015 et Here comes the sun, on connaît leurs nouvelles aspirations. S'il restait quelques traces de leur passé sur le précédent opus (la fin de "The last experience" et quelques autres vrombissements épars), sur celui-ci, elles ont quasi disparu (certains riffs sont métal ("Yonder", "The great oblivion") mais la production impeccable de Francis Caste les adoucit), les nouveaux fans devront être prévenus au moment de plonger dans leur discographie.

Pop, rock, post, progressif, onirique, magique, sensoriel, délicat, les adjectifs ne manquent pas pour caractériser Klone aujourd'hui, peut-être faut-il mettre en avant "ascensionnel" tant il semble fait pour faire la synthèse de multiples idées. D'abord celle de montée, de progression, Le grand voyage, c'est celui vers un ailleurs plus brillant, une expédition vers les cieux pour survoler les dépressions et se réchauffer près du soleil, l'album permet l'élévation et l'abandon, l'esprit peut lâcher prise et permettre au corps d'oublier toutes les gravités. Ensuite parce le mot a "sens" en son cœur et ces titres les mettent en éveil, ils apportent de la douceur, du bien-être, tissent un cocon autour de l'auditeur qui n'a plus aucune envie de revenir dans la réalité une fois l'écoute lancée. A bien y réfléchir, l'adjectif parfait n'existe pas, il faut l'inventer et je propose "ascensationnel" pour ajouter une dimension fantasmagorique et insister sur le fait que ce genre d'opus est rare.

La voix de Yann fait que Klone est Klone, la puissance de ses mélodies envoûte mais on ne peut s'empêcher de penser à quelques références tout au long de l'opus. Pour moi les petites notes et la basse de l'intro de "Breach", titre où l'on peut trouver la guitare de Luiss Roux d'Hacride, sonnent comme un hommage à Pink Floyd (réécoute "Speak to me" !), les passages avec les petits sons bidouillés (et le saxophone) de "Indelible" renvoient à Porcupine Tree, les parties plus frontales ("The great oblivion") plairont aux amateurs de Tool et une forme d'indolence sied bien à The Doors dont "The spy" est repris pour clôturer l'album même si on est loin de l'ambiance saloon de la version d'origine. Repoussant encore ses limites, Klone nous emmène avec lui pour notre plus grande délectation. Véritablement ascensationnel.