Le deuxième album est un exercice difficile, surtout quand on s'appelle Kittie et que les détracteurs sont assez nombreux. Une guitariste en moins, mais une tournée avec Slipknot dans les bras, Kittie revient avec des cris plus hargneux, une atmosphère densifiée et un son plus lourd. On les croyait jeunes et innocentes, le trio apparaît avec encore plus de vigueur et de volonté. L'intérêt du premier album, des jeunes filles qui font du métal, a disparu, mais que reste-t'il alors ?
Du gros son ! Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter le premier morceau éponyme de "Oracle", c'est primal, brut, assez bruyant en fin de compte, mais vraiment bon, cris gutturaux soutenus, il est loin le temps où Morgan Lander avait un peu de mal à hurler. Au point de vue de l'originalité, ce n'est pas tout à fait ça, mais on s'éloigne des riff à la Sepultura du premier album, et l'intention est tellement forte et enracinée, qu'on ne peut s'empêcher de secouer la tête. Retour sur des terres plus communes à Kittie, avec "Mouthful of poison"¸ des paroles à la Morgan Lander, une voix qui oscille entre choeurs éthérés et cris gutturaux du plus bel effet, la guitare et la batterie mènent de front un assaut sonore assez bien fourni, double pédale, dead-notes, pont lissé, borné, un peu trop travaillé au mixage, une batterie un peu trop synthétisé, avec un horrible effet de phaser sur la fin, mais l'ensemble reste écoutable. Surprise agréable avec "In winter", avec une voix claire et mélodique excellente, la mélodie est agréable, efficace, et surtout bien plombée par la guitare, le refrain est un petit melting-pot de syncopes, de double-pédale, de gutturalités prédominantes, l'ensemble est assez dense, et la transition bien épicé. Une reprise de Pink Floyd en guise d'en cas, les fans du groupe de David Gilmour ne vont pas du tout aimer, pour les autres c'est la porte ouverte à "Run like hell" sauce Kittie : grosses guitares, chants clairs et gutturaux, et une batterie qui force bien sur les toms les plus graves, une vraie sucrerie pour les oreilles. La basse officie lourdement, les guitares de façon parsemée mais lourdes, le chant est divergent, le grain et les accents de Morgan apportant un peu de vie à l'ensemble, le solo de guitare renverse la vapeur, densifie l'atmosphère, scarifie le cri final.
Riff simplissime, basse grondante, batterie prolixe, la voix alterne les passages mélodiques claires, assez aériens, et les primalités gutturales, se débattant dans les tréfonds, "What I always wanted" est un morceau assez représentatif de Kittie et de son style, le pont s'emballe, devient entêtant, limite hardcore, si on excepte les hurlements gutturaux, un bon morceau au final. Sortez de votre attonie, montez le son, "Sale" arrive, lent, langoureux, déroulant sa langue acide, -acid tongue venom word-, la pénombre s'installe insidieusement, le piano dresse petit à petit l'atmosphère et plante le décor sans en avoir l'air, -In the darkness, Trouble waters-, à l'arrivée de la batterie, le piano se fait encore plus inquiétant, peu volubile, mais très persuasif, la voix ondule, lentement, dans ses sables mouvants, -Waiting for dreams-, et reste cantonnée dans son repaire, sans élever le ton et l'intention, légère densification, le brouillard resserre son étau, étend sa langue, la voix se fait complainte, devient chuchotement, la basse densifie le grain de l'air, -What happened to me-, et le tournant de la chanson -See me just to...-, brusquement les haut-parleurs crachent 20 dB de plus, -Save Me-, un cris profond et intense, qui s'élance pour se libérer sans contraintes, une guitare qui appui aux points vitaux... Juste sublime.
On retombe dans les riffs directs, à l'aspect plus brut, moins subtil, mais au but différent, avec "No name", qui redonne un coup de tonus avant la fin de l'album, ça manque un peu d'originalité à mon goût, mais le groove est interessant, et certains breaks sorte de l'ordinaire, en changeant de gamme de façon impromptu. Deuxième album et une impression insatisfaite qui se détache, IMHO il manque un petit quelque chose à cet album pour être vraiment terrible, même s'il l'est déjà pas mal, entre de la maturité, de la complexité, de la réflexion, moins de précipitation, en tous cas l'interêt pour Kittie ne retombe pas à plat, et c'est déjà ça de gagner en ces temps trouble... Pour clôturer l'album, le comtemplatif "Pink limonade" et ses dix minutes, comblera les patients avec son déluge sonore final.
Oracle
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