Notre hors-série le démontre, si tu voulais du métal cet été, il fallait aller en région ; Rock en Seine malgré quelques noms comme The Offspring étant cette année encore Pop en Seine. C'était sans compter sur le mini festival organisé par les activistes du Kilowatt à Vitry sur Seine. Plus habitués à des soirées festives (Manu Chao, Mister Gang ou autres Ouai Star), le Kilowatt porte, ce soir, bien son nom. Il ne faut néanmoins pas oublier que la salle est gérée par l'Assoce Kipik qui avait initié le Festival sur les Pointes en 2009 qui, pour son dernier tour de piste en 2023, avait accueilli Elmer Food Beat, Sidilarsen, La Phaze, Los Tres Puntos, Burning Heads, Toybloid Zoufris Maracas, Sidi Wacho, Gerard Baste & The Slip Squad... Bref ce ne sont pas des nouveaux venus dans la gestion d'un festival de musique actuelle.
Akiavel
Laurène qui avait, il y a quelque temps, réalisé avec moi une interview de Tagada Jones est une habituée du site. Avec Fab, ils ont connu le chapiteau précédent qui a été emporté par la tempête et ne faisaient que de me dire de venir ne serait-ce que pour l'ambiance. Spoiler de la soirée, ils avaient bien raison.
Outre une affiche plus "rock" que celle qui est proposée habituellement, le mois de juillet était propice à ce que je me rende sur place, à mi-chemin calendaire entre un Hellfest et un Furios Fest et en pleine disette de concerts parisiens.
J'arrive dans une zone loin du centre-ville, en face de la centrale thermique à charbon de Vitry-sur-Seine qui est une ancienne centrale EDF. Le nom du lieu festif provient de ce voisin qui produisait, jusqu'en 2015, deux fois 250 mégawatts grâce au charbon.
Revenons sur le lieu, le lieu est à taille humaine avec des bars extérieurs, un bar couvert où se déroule des Blind tests (l'Oasis) et surtout une structure en forme de Gorille qui surplombe l'espace extérieur et les tables réunies autour d'une tour métallique. Le (Joli) décor est posé et le lieu dégage une identité et une authenticité.
La scène, elle, est située sous une tente remplaçant donc l'ancien chapiteau. Le groupe qui a le plaisir d'ouvrir la soirée n'est pas un nouveau venu et est même le groupe à suivre (sa récente signature en septembre sur Verycords est là pour confirmer). Akiavel, groupe de Death Metal n'est pourtant pas un nouveau venu, formé en 2018 par Chris (guitare), Jay (basse), Auré (chant) et Butch (batterie). Le groupe a su mettre en place une esthétique et une atmosphère à lui, sobre mais tout en growl avec une chanteuse qui sort tout droit d'un asile de fou. Un titre comme "Pentagram tattoo" permet rien qu'avec son nom de donner un aperçu de la musique d'Akiavel. Déjà vu au Hellfest ou au Furios Fest, le groupe sait vraiment mettre le feu et, en 8 chansons, le public est incandescent pour accueillir les Espagnols de Crisix. Même si on aurait aimé que le groupe reste un peu plus sur scène.
crisix
Le plus français des groupes espagnols depuis la tournée du warm-up du Hellfest avec Tagada Jones n'est pas là pour calmer les esprits. Le titre d'ouverture, "Bring 'em to the pit" n'est pas là pour laisser les retardataires au bar. Pas le temps de bavasser avec Laurent Karila qui est venu également en voisin de la banlieue sud, qu'il faut déjà aller jouer des coudes pour prendre des photos. Pas de pit photo, donc à l'ancienne et sur un «World needs mosh" autant dire que le public ne danse pas un slow. Ceux qui avaient remplacé Incubus au Hellfest l'année dernière au pied levé sont ici les remplaçants deluxe de Sick of it All dont le chanteur est tombé malade. Tout comme la veille à l'Xtreme Fest, ils se fouleront d'une reprise du groupe en hommage. Sur "Brutal gadget", Juli Baz arrive grimé en The Mask tout d'abord avec une cape noire et le masque dans la main puis en mode Jim Carrey avec costume jaune et masque vert bubble gum.
Autant dire qu'il n'en fallait pas plus pour que les slammeurs et moshers s'en donnent à cœur joie.
soulfly
Petite pause au bar où je retrouve Christophe Favière qui a couvert le Hellfest pour Rock and Folk et nous refaisons le monde des files d'attentes des main stage et des coups de tazer qui se perdent sur certains "confrères" peu scrupuleux qui coupent lesdites files d'attente par des grands "ahhhhhhhh mais te voilà !" à la personne qui est 30 personnes devant nous... La conversation se poursuit sur certaines incohérences qui nous dépassent aussi. En tout cas, au Kilowatt tous les photographes sont à la même enseigne et s'ils papotent trop, ils doivent se frayer un chemin dans le public qu'ils soient de Rock and Folk, du W-Fenec ou de Nawakposse... Ce qui est évidemment le cas après avoir refait le monde.
Tagada arrive et tous ses titres sont repris en cœur, sans exception. "Le dernier baril" retentit en ouverture de set et les épaules commencent à se cogner en même temps que les voix s'égosillent. Un enchainement avec "Je suis démocratie" permet de sceller le pacte du pogo, on sait qu'il n'y aura pas de temps mort pendant le set des Français.
Fort de leur best of réenregistré, les TJ brassent leur répertoire et enfoncent définitivement le clou avec "Le feu aux poudres" et "Mort aux cons". La soirée pourrait s'arrêter là que tout le public serait heureux.
Alors que résonnent encore les chœurs de "Mort aux cons", le line-check de Soulfly est en place. Le berimbau retentit. Noir sur la scène... et les premières notes de "Back to the primitive" résonnent. La chaleur brésilienne envahit la tente même si les effluves sont plus des effluves d'IPA que de caïpirinha ... La bière a entamé les esprits et la fosse est incontrôlable, impossible de pouvoir shooter entre les bourrés qui veulent aller devant, "t'rappelles de celle là on l'écoutait au collège" sur "No hope=no fear" ou des tigrous qui prennent vos épaules pour tremplin sur le titre "Tribe" sur lequel l'intro en berimbau me rappelle, même non alcoolisé, les grandes heures de Soulfly (ou les grandes heures de mon adolescences et mes premiers concerts)... 17 titres dont un bon tiers du premier album, cela n'est pas pour me déplaire, mon dernier concert remontant à 1998, juste avant la coupe du monde de foot, à l'Elysée Montmartre. On disait Max essoufflé et vieillissant, je l'ai trouvé combatif et prêt à mettre le feu. Petit bémol, le service de sécu du groupe qui repousse violemment les slammers... nous sommes quand même sur un concert de métal. Le public est un public qui est habitué aux slams et aux pogos loin de la tendance d'un public de plus en plus aseptisé comme à Clisson.
Merci à l'équipe d'Akiavel pour l'accueil toujours chaleureux, Laurent et Christophe pour nos échanges et l'Assoce Kipik pour la réalisation de cet évènement et l'accueil.
Photos : JC
Publié dans le Mag Fest 2024