Metal Métal > Kickback

Kickback / Chronique LP > Et le diable rit avec nous

Kickback - Et le diable rit avec nous Kickback l'a annoncé sur l'opus précédent, No surrender. C'est donc avec naturel qu'ils remettent le couvert sur Et le diable rit avec nous. La même musique noire, vile et incendiaire coule à flôts. Imaginez un filon de pétrôle brute qui file entre vos doigts, collant, opaque, volatile, à l'odeur nauséabonde et au potentiel hautement explosif; non, imaginez plutôt une bile noire, pestifère et infectieuse, un crachat de fin du monde, un mollard de haine contagieuse. Kickback c'est tout ça à la fois, une perspective pessimiste et une musique qui reflète ces sentiments violents.
Kickback détruit le décor avec "Sorption", guitares agonisantes, chants écorchés à vifs, celà s'emballe très vite, et l'explosion souffle tout sur son passage. Et le diable rit avec nous ressemble par bien des aspects à No surrender, même production homogène, même cancer musical, et se détache également, notamment sur le travail de composition, avec des guitares qui s'aventurent beaucoup plus, qui prennent soin de construire l'ambiance sonore et le malaise mélodique comme sur "Mind of a lunatic", ou "Cavalcare la tigre", ou avec une batterie qui jette quelques bouts de gras sur "Weltanschauung" ou sur "Sorption".
Kickback se donne corps et âmes sur des titres comme "Stained I", tout en revenant avec de nouvelles infections sur "It's burning hell" au downbeat contagieux et dégoulinant; ou encore sur un "Mind of a lunatic" surréaliste et fantomatique, une présence spectrale maléfique.
Contrepoint aux bites molles du précédent album, les vers qui rampe rappelle la médiocrité humaine sur cet enregistrement. Sans faire dans la dentelle, Kickback évite l'écueil d'être ennuyant, alternant passages et ambiances, avec le même objectif en tête, une préoccupation mono-maniaque. Encore un album d'une noirceur effrayante, d'une noirceur imprégnée jusqu'au cœur, avec un memento mori pour seul objectif final.

Kickback / Chronique LP > No surrender

Kickback : No surrender Circonvolutions cérébrales anéanties, une cochlée aux abonnés absents, une exposition trop sévère à la musique de Kickback peut avoir des conséquences imprévues et quelques peu facheuses, notamment des séquelles à vie. Attention, abandonner cet album avant la fin comme un lâche, c'est prendre le risque de finir comme un déserteur, pas de pitié, fusillé sans quartiers, même les corbeaux ne pourront pas picorer les petits bouts qui au passage n'existeront même plus. Kickback ne fait pas dans la dentelle, ça c'est pour les bites molles et c'est pas nouveau, Kickback ne fera pas de prisonniers et ne se rendra pas non plus, se battre ou mourir sous les accords sulfuriques, No surrender, no retreat, no prisoner, "mais dans les deux cas, t'es tout seul" ("No surrender"). Si le message n'était pas assez clair, cet album saigne à blanc, tous les potentiomètres dans le rouge et pas du petit rouge de gentille coccinelle, non! Du vrai rouge sang, du rouge de supernova, non seulement qui te saigne à blanc mais qui en plus te brûle les yeux si tu t'y colles trop près.
No surrender commence là où d'autres ont déjà laissé tombé depuis longtemps et ont abandonné le navire, après un titre éponyme qui donne le ton et la couleur (sang...), "deathlust" débarque bien égal à lui-même, comme si celà ne suffisait pas. "Le monde n'est habitable à la condition que rien n'y soit respecté", et c'est bien ça tout le problème et la raison d'être de cet album! Kickback ne respecte rien, mais alors rien du tout, aux oubliettes toute retenue bien à propos, quand Kickback n'est pas content, ce n'est pas un doigt qu'il te fait, c'est un gros poing qu'il te fout! "Warpath" en est l'illustration parfaite, vengeance, haine, rage à son paroxysme. Après 10 ans, ça fout les crans 10 ans quand même, "This is for us, this is not for you"... Et que dire du percutant "Aging disgracefully", un trou noir en puissance. On ne sait même plus où se planquer avec ce déluge interminable de guitares, de cris, de plomb en fusion, d'acide sulfurique, c'est un grosse chappe de béton qui s'abât pour t'étouffer. Un "If I die tonight" sans pitié, avec Kickback pas de flagornerie, pas de politesse, ça défouraille sec.