Kayo Dot - Coyote Alors celui-là, dans le genre velu... il en tient une bonne. Pour faire court. Je n'ai rien compris. Rien de rien. Pas entravé une demi-mesure de ce disque complètement borderline. Enfin presque. Pour faire plus long (c'est que j'ai quand même une chronique à écrire là...), ce coyote est un labyrinthe free-jazz mâtiné de rock alternatif et de quelques très lointaines réminiscences metalliques, le tout placé sous une dominante tirant du côté de la musique contemporaine ("Calonyction Girl", "Whisper Ineffable"). Pour un résultat, on l'a dit, bien barré, étrange et insaisissable. Mais jusque-là, ça va, passe encore. C'est maintenant que ça va se corser. Parce que Kayo Dot a décidé de compliquer la chose en nous dévoilant des compositions aux trames sonores perdues dans des dédales expérimentaux, à la limite de l'égocentrisme artistique forcené, ET, drapé dans des circonvolutions avant-gardistes inextricables. Le savant dosage entre exigence artistique et perte de contrôle absolue de l'oeuvre sous de fallacieux prétextes d'expérimentations organiques est raté. Le diptyque "Abyss Hinge 1: Sleeping Birds Sighing In Roscolux" / "Abyss Hinge 2 : The Shrinking Armature" est à ce titre symptomatique d'un constat assez lapidaire. Kayo Dot y dévoilant des orchestrations pour le moins singulières, des articulations harmoniques hétérogènes pour ne pas dire disparates, mises au service d'un véritable néant sensoriel. On pourrait dire que la recherche d'âme et d'émotion n'était pas la clef de cet album, que Toby Driver et sa troupe ont trouvé l'aboutissement de leur démarche dans l'abstraction musicale et le non-sens émotionnel. Mais là, on commence à entrer dans une démarche pseudo-intello élitiste clairement casse-gueule. Parce que, certes on peut vouloir créer, innover, mais le prétexte du n'importe "original" quoi est trop facile pour dire que cela n'avait quasiment jamais été fait avant. Et quand s'avance "Cartogram out of phase", cinquième et dernière piste de cet "album", ses arrangements emphatiques appuyés par un chant faussement plaintif et clairement agaçant, on a juste envie d'appuyer sur "stop" pour arrêter le supplice. Pourtant on sent derrière cet album de longues heures de travail, une multitude de détails peaufinés encore et encore, une envie de sortir des sentiers classiques de la compositions, d'en redéfinir les limites, mais cela ne se substituera jamais à l'inspiration, au talent de parvenir à quelque chose qui transgresse le simple fait de créer quelque chose qui ne soit pas du vide. Et ici, même la caution auteurisante "made in Hydrahead" ne suffit pas, pas plus que l'artwork du disque, raté, comme quoi, il n'y a dans ce coyote là, pas grand chose à garder.