Karras - None more heretic Un sample, un riff et c'en est terminé du calme, de la douceur et de la volupté, bienvenue chez Karras qui expédie des torgnoles comme tu bouffes du riz, sans compter les grains. Au compteur, la moyenne affiche deux minutes au titre et 140 mandales, bref, on ne traîne pas en route et ici les meilleures idées sont comme les meilleures plaisanteries, courtes, tu kiffes le riff, ok, on le joue quelques fois, on fait un break, on le rejoue plus vite, on claque un roulement, tu remets un coup de growl et on enchaîne sur un autre morceau. Violent et expéditif, le trio parisien fait honneur au death (la grande époque du chant grave légèrement à l'arrière-plan) et au grind (mais une version sérieuse car ce n'est pas un simple défoulement) avec un son très très lourd et un chant caverneux audible.

Si le genre a largement été défriché, on peut rapprocher les auteurs de None more heretic de ces groupes qui ont mis la Haine en initiale comme Napalm Death, Nailbomb ou Nasum, et si on va chercher plus loin sur tel ou tel aspect de leur musique (qui puise un peu aussi dans le rock ou le punk) on peut citer d'autres références comme Entombed, Misery Index, Cattle Decapitation, Cannibal Corpse, Brujeria et même Clearcut. Et malgré cette liste (bien longue, j'ai écouté deux morceaux le temps de l'écrire), rien ne ressemble déjà à Karras qui trouve sa singularité dans le son de la gratte de Yann, le chant de Diego et les variations de tempo d'Etienne. En plus, les loustics se payent le luxe de ne traiter que d'un sujet (la mort est-elle une fin ?), ils ne sont vraiment pas venus ni pour déconner ni pour perdre leur temps. Pourtant, ils le prennent parfois sans perdre leur côté rageur, "Litany for the lost souls" démontre qu'on peut faire mal sans tout saccager (et j'adore les effets de la stéréo) tandis que "The end of all happy ending" offre un dernier râle en mode sludge dégueulasse. Allier le death au grind tout en écrivant des morceaux accrocheurs et identifiables, c'est un petit exploit, rares sont les groupes à pouvoir le réussir, Karras est de ceux-là.

PS : A part ces lignes bonus, j'ai réussi à chroniquer ce premier opus de Karras sans citer Mass Hysteria, AqME et L'exorciste, ça aussi c'est un exploit.