Junon - The shadows lengthen Une quinzaine d'années à labourer les esgourdes, c'était suffisant pour General Lee qui rangeait la caisse au garage au printemps 2016. Mais voilà que cinq années plus tard, les mêmes gaillards pensent qu'ils ont encore des choses à dire et décident de se reformer... sans pour autant revenir avec leur vieux nom. Voulant se libérer de certains poids et repartir de zéro, c'est Junon qu'il faut désormais les appeler, c'est le premier titre de leur première démo, c'est donc un synonyme de commencement plus que de recommencement même si dans les sonorités, les ambiances et jusqu'à l'artwork, on retrouve pas mal d'éléments qui rappellent les débuts du General et en particulier Hannibal ad portas.

The shadows lengthen ne s'étend que sur un peu moins de 20 minutes et 4 pistes mais on retrouve des Nordistes qui n'ont rien perdu de leur mordant et se plaisent de nouveau dans des atmosphères lugubres et pesantes. De par la dichotomie riffs lourds vs sonorités claires, la tonalité d'ensemble est orientée post-hard-core (ce qui n'est pas pour me déplaire, désolé les gars de vous étiqueter encore comme cela) avec un travail assez fouillé sur les distorsions et les voix pour que le schéma ne soit pas trop "classique", on a du hurlé bien sûr mais on a aussi du chant clair, du spoken word, et pas mal de mélodies saignantes et comme chacun s'amuse à jouer sur ces registres (sons clairs / saturés ou rythmique lourde / éthérée), on obtient un ensemble d'une grande richesse malgré le peu de temps d'exécution, même un titre de moins de 4 minutes paraît "long" tant il apporte de sentiments. Sur cette base Neurosisienne (si si, ça se dit), ajoute quelques pointes de screamo et une grosse dose de rage "in your face" et tu comprendras pourquoi ce premier EP de Junon fait autant parler de lui. Il faut dire que le mariage est parfaitement réussi, et même si leur nom doit assez peu à la déesse romaine, il est bon de rappeler que la mythologie en fait la mère à la fois de Lucine (la lumière), Vulcain (le feu) et Mars (la violence).

"Sorcerer", "Carcosa", "Flood preachers" et "The bleeding", les noms des compositions offrent tout un programme et une fois ingéré le menu présenté ne déçoit pas, le malaise comme l'inquiétude hantent ces quatre titres où la souffrance l'emporte sur la luminosité de certains passages. Mais comme c'est grâce à cette dualité que le combo s'exprime le mieux, ce serait dommage que le combat prenne fin dès leurs nouveaux débuts...