Les multiples écoutes de ce Clair-Obscur ne m'ont pas encore permis de trouver où était le "clair", l'intro exceptée (et encore, elle s'appelle "Ténèbres"), il y a bien ces quelques passages éthérés sur le titre éponyme qui apparaît comme une respiration au cœur de l'opus mais c'est bien maigre quand on le compare à la dose de tout ce qui est "obscur" : chant growlé/death qui ne relâche jamais la pression, batterie qui carbure à la double pédale comme si c'était la vitesse normale, basse qui ressemble davantage à un marteau pilon et guitares qui tailladent les oreilles avec les sons aigus ou nous défoncent les tympans avec des riffs saturés qui tels des trous noirs aspirent tout ce qui se balade alentour. Véritable rouleau compresseur, It Came From Beneath ne laisse pas respirer celui qui s'y frotte et si le combo laisse entrevoir une éventuelle accalmie ("Decline"), c'est uniquement pour faire baisser la garde et tout exploser dans la minute suivante ("Fading lights" serait même trop oppressant sans son break central). Cet album est noir, à l'instar de la technique sublimée par Le Caravage, la profondeur de ce noir met en lumière certaines parties et casse les transitions évidentes pour créer une zone complexe où les couleurs cohabitent et s'enrichissent mutuellement. Celles utilisées par It Came From Beneath restent très sombres parce que c'est le sens de la trame générale mais c'est dans cette obscurité que vivent les sentiments d'abandon, de désespoir, de lutte inutile que transmettent les Lyonnais. Un tableau pas folichon mais franchement réussi.
Publié dans le Mag #35