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Né début 2008 sous l'impulsion d'Andy Swan, collaborateur habituel de Justin Broadrick sur Final et Nic Bullen (Scorn), Iroha qui tient son patronyme d'une forme de poème japonais, s'adjoint rapidement les services de Diarmuid Dalton (Cable Regime, Jesu, Grey Machine) puis du plus méconnu Dominic Crane. Un album est rapidement mis en chantier fin 2008 sans pour autant qu'il ne voit le jour dans les mois qui suivent. De fait, la première sortie officielle du projet intervient au mois de juin 2010 via un split avec Fragment. intitulé Bittersweet et paru chez le label allemand Denovali Records.

Iroha / Chronique LP > Shepherds & angels

Iroha - Shepherds & angels La constance, chez les groupes du label Denovali Records, c'est une productivité assez rare à notre époque. Une capacité chez ces entités (on pense notamment à Blueneck, Lento ou Sankt Otten) à enchaîner les sorties, à continuer d'être créatif, comme si l'inspiration était au final un muscle, en permanence stimulé par les méthodes d'entraînement de la maison de disques basée outre-Rhin. Avec Iroha, sorte de faux-frère de Jesu créé en 2008 à l'initiative d'un collaborateur de Justin Broadrick, impossible d'échapper à cette règle semble-t-il immuable : les sorties s'enchaînent depuis 2010 et le split Bittersweet avec le one-man band Fragment.. Depuis, il y a eu un double album inaugural éponyme début 2011, un EP vinyl 10'' ainsi qu'un EP digital de remixes parus la même année (End of an era et Shooting at the clocks).

Une discographie rapidement fournie qu'Andy Swan, homme de base du projet autour duquel on retrouve toujours la basse imposante de Diarmuid Dalton (Godflesh, Jesu), alimente avec un nouveau disque, un album long-format intitulé Shepherd & angels qui s'impose comme un petit monolithe shoegaze/indus lévitant dans la stratosphère au gré des désirs de son géniteur. Plus doux et éthéré que son prédécesseur (en témoigne l'introductif "The greatest healer"), plus rock et moins Jesu-like qu'auparavant, Iroha semble avoir définitivement trouvé sa propre voie artistique, un cheminement créatif qui lui est propre et s'affranchit de l'ombre un peu pesante des innombrables projets de son comparse Justin Broadrick. Plus facile d'accès sans pour autant céder aux sirènes du mainstream grossier, le projet anglais instille une dimension presque pop à ses créations sonores, ses paysages enjôleurs et ses mélodies mélancoliques portées par un songwriting des plus élégants ("You reap what you saw", "Legacy").

Egalement épaulé par Dominic Crane (Rumble Fish), le duo Swan/Dalton livre ici une œuvre moins monolithique qu'attendue et c'est sans doute l'excellente surprise de ce Shepherds & angels qui, s'il est toujours clairement une œuvre d'Iroha, sans contestation possible, n'est absolument pas le clone de son prédécesseur. Là où l'on aurait pu craindre que les limites d'un genre déjà très (trop ?) largement exploré par quantité de projets shoegaze/metal/industriel ne se fassent trop ressentir au moment où à l'inverse, le projet devrait prendre son envol. C'est désormais chose faite ("Home is where the heart is", "Blind faith") et Iroha peut désormais évoluer par lui-même, se réinventer et expérimenter comme sur la piste finale de l'album, une création intitulée "Denial" en duo avec les énigmatiques Pyramids, pour un résultat qui ne sort finalement pas trop des sentiers battus par Shepherds & angels, sonnant surtout comme du pur Iroha, avec un petit zeste d'originalité que l'on mettra à défaut au crédit des Texans. Plutôt très classe...

Iroha / Chronique LP > Iroha

Iroha Avec son artwork évoquant forcément Jesu et plus précisément l'EP Lifeline, le premier (double) album d'Iroha, enfanté par un collaborateur de longue date de Justin Broadrick (Godflesh, Final et Jesu) alimente l'effet de ressemblance, sur le papier tout du moins. D'autant plus que l'objet présentement chroniqué voit notamment la collaboration de JKB himself sur plusieurs titres (mais on y revient). Pas que certes mais quand même, on reste dans la même sphère musicale. Et plus encore du point de vue du style, sorte de mixe entre ambient, shoegaze et metal atmosphérique où l'omniprésence des machines ne doit pas occulter le côté très humain de la musique alors même que chez bon nombres de contemporains évoluant dans la même mouvance artistique, le rendu sonne souvent très clinique, froid, comme désincarné.

Intense émotionnellement, heavy, puissant, tellurique et lévitant dans la stratosphère, "Last days of summer" puis "Autumn leaves", les deux premiers morceaux composant cet effort éponyme, faisant suite à un split partagé avec Fragment. paru l'an dernier (déjà via Denovali Records), posent les fondements d'un univers musical aux contours aisément reconnaissables. Entre la profondeur du chant et des arrangements fouillés toujours marqués par une rythmique sentencieuse et répétitive, "Watercolours" fait entrer l'auditeur dans une dimension parallèle à la sienne, une sorte d'univers alternatif vue par le biais d'un prisme légèrement modifié, l'invitant à chercher en lui une forme d'apaisement ataraxique, un absolu sensoriel magnifié par la musique d'Andy Swan, l'architecte et chef-d'orchestre du projet. Celle d'Iroha en l'occurrence qui, sur un "Reminesce" à la densité électrique palpable, "Dreams" et son riffing perforant ou le magnifique "Drifted", plus aérien et agrémenté de quelques bidouillages sonores originaux, se plaît à entrer en prise direct avec l'âme de l'auditeur pour la faire voyager, sans fin, à travers les limbes.

Sur chacun de ses travaux, Iroha semble être capable de transformer invariablement tout ce qu'il effleure en véritable pépite shoegaze/ambient/metal. A l'image d'"External", chef-d'oeuvre de ce disque éponyme façonné note après note par un Andy Swan qui a quasiment tout fait sur l'album (composition, production, mixage), ce jusqu'à la très belle conclusion, éponyme, et ses six minutes onze secondes sur lesquelles une certaine Mio, vocaliste chantant en japonais vient délicatement envoûter l'esprit de l'auditeur ; avant de laisser les "commandes" à ses collaborateurs occasionnels que sont Justin Broadrick ou Kevin Laska & Dave Cochrane (Transitional) sur un second disque de remixes. Des réinterprétations signées pour huit d'entre elles JKB (soit Broadrick himself) ainsi qu'une neuvième par Jesu (soit aussi JKB mais pas tout seul cette fois), une dixième par Transitional et la dernière par l'inconnue dans l'équation : Black Galaxy. Des versions revistées, variations et autres relectures des créations d'Iroha qui ne s'affranchissent aucunement du matériau originel, Justin Broadrick se contentant d'insuffler très légèrement sa touche personnelle (proche de Jesu) sur des morceaux déjà riches en nuances et songwriting inspiré. A noter au passage la version du morceau-titre par Transitionnal, brouillant les pistes de manière à perdre l'auditeur dans un dédale sensoriel à nul autre pareil. Du grand art, à l'image de l'ensemble que recèle ce double album on l'a déjà dit.

NB: Livré dans un très beau digipak triple gatefold par le biais du toujours excellent Denovali Records, ce double album est la preuve que l'on peut soigner le contenant comme le contenu... les mordus de musique dématérialisée et de Mp3 basse qualité peuvent se sentir concernés.

Iroha / Chronique Split > Bittersweet

Iroha | Fragment Iroha | Fragment., les initiés en ont déjà l'eau à la bouche quand les néophytes se laisse tenter par l'artwork de ce split collaboratif livré dans un digisleeve cartonné "made by Denovali". En même temps, les deux auront raison et se laisseront aisément envahir par l'intensité émotionnelle qui se dégage des travaux de ces deux groupes oeuvrant dans des sphères drone-metal/ambient/shoegaze, à l'aura des plus flatteuses. Pour mémoire, Iroha est quand même le projet d'Andy Swan et Diarmuid Dalton, collaborateurs de longue date de Justin Broadrick sur Final et Jesu... De son côté, Fragment. est un one-man band initié par Thierry Arnal, un frenchy déjà remarqué par le biais de ses premières sorties (The game is over, Is your truth carved in the sand ?...) qui se sont attirées les faveurs de la petite communauté des éminents spécialistes du genre. Deux titres de part et d'autre, une collaboration au milieu et un remix somnambule pour conclure, l'équilibre est parfait, le rendu final ne le sera pas moins.
"Wish upon a star" et "Something's got to give" par Iroha sonnent comme le Jesu des débuts. Si le premier nommé est encore un peu "light", ses qualités mélodiques amplifiées par des ambiances shoegaze évoluant entre drone atmosphérique et indus narcoleptique parviennent à capter l'attention sans trop d'effort. Quant à sa suite, elle est tout simplement la preuve qu'Iroha a de sérieux atouts dans sa manche. Rythmiques "slow death", basses saturées, une voix qui plane au dessus des machines et une production haut de gamme, une réussite qui préfigure un peu ce qui est le climax de ce split. "Bittersweet", morceau-titre réunissant les deux entités pour une association sommes toutes très naturelle à la vue des sphères musicales explorées, et un résultat en forme de petit chef-d'oeuvre. Classe... tout comme l'est la contribution de Fragment.. Drone indus pesant, cautérisant à la manière d'un Nadja des membranes auditives ébréchées par des riffs perforants, avec une voix très en retrait drapée d'une brume de saturation sur "Turning around", shoegaze pop drony lumineux sur "Carved". Deux facettes d'un même projet, deux visages d'une oeuvre intrigante et ambivalente à suivre de très près. Iroha | Fragment., la collaboration idéale pour les insomniaque qui veulent rêver éveillés dans un monde où le soleil ne se couche jamais...

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