Irepress - Sol eye sea I "Diaspora", ses presque onze minutes d'un étrange alliage post-rock/metal instrumental/prog/pop electronique bariolée, pour un contenu définitivement à part, la mise en route du deuxième album n'est pas vraiment commune. Et emporte l'auditeur avec l'eau du bain. En même temps ce groupe-là n'a pas grand chose de "traditionnel" et le reste de l'album sera plus ou moins à l'avenant. Surtout "plus" que "moins" d'ailleurs. (E)puisant son inspiration dans d'innombrables sphères musicales, en gros le rock, le metal et toutes leurs dérives, Irepress pratique donc une sorte de post-metal progressif et transgenre, polymorphe dans son écriture, complexe et doté d'une architecture pour le moins évolutive lorsque le groupe se lance dans digressions math-rock, avant de bifurquer vers un post-rock aux enluminures pop, à moins qu'il ne décide de jouer la carte du gros sludge-metal qui tâche, voire du hardcore sauvage sur quelques éclairs de bestialité inattendue. Ouch. Insaisissables, ses morceaux sont quasiment indescriptibles tant ils jonglent en permanence avec les codes des genres qu'ils s'approprient afin de mieux les émietter selon ses envies. "Rhintu", "Barrageo", "Cyette phur" (déjà faut arriver à comprendre les titres et là ce n'est pas donné à tout le monde...), les compositions du groupe fourmillent de détails, de petites trouvailles et autres finesses bigarées, qui épuiseraient presque l'auditeur à force d'expérimentations, de changements de styles et de variations ininterrompues. Parce qu'avec ce quintet-là, vaut mieux pas ne rater une quart de demi-soupir sinon on ne peut plus suivre. L'attention la plus absolue est de mise, surtout quand le groupe passe d'une minute pop suave à une séquence de gros mur de guitares à tendance hardcore/screamo, ou qu'ils joue avec les cuivres avant de faire parler la puissance de feu des guitares l'instant d'après. Jazzy, foudroyant, salvateur et complètement décomplexé ("Fletchie", "Adelugé"), Irepress est de ces groupes qui ne peuvent laisser insensible, mais qui devant l'imparable démonstration de maestria formelle, oublie parfois de laisser s'installer l'émotion ("Billy", "Entanglement"). Sol eye sea I est donc un album complètement à l'image de son artwork et de ses géniteurs : fluo, iconoclaste et foutrement borderline.