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Insolvency / Chronique LP > Illusional gates

Insolvency - illusional gates Antagonism of the soul avait placé Insolvency sur l'échiquier métal français avec l'intention de ne pas être un simple "pion", s'ils ne sont pas encore les rois, ce nouvel opus les amène, au moins, au rang de "cavalier". Cette pièce aux déplacements fantasques, capable des meilleures surprises, combinant à la fois puissance et finesse, présente dans les corps à corps et qu'on cherche à préserver.

Depuis ce premier album, le groupe a grandi (avec d'autres concerts malgré la période), a du faire face à un changement de batteur (Prosper a remplacé Mickael) et s'est fait de nouveaux amis qui sont venus renforcer les compositions. Les amateurs de featuring seront ravis d'entendre les voix de l'américain Ryan Kirby (Fit For a King) et de l'australien CJ (Thy Art Is Murder), ils apportent leur petite touche personnelle dans l'univers d'Insolvency et s'intègrent assez facilement dans le décor. Aussi sympathiques soient ces guests et leurs prestations, c'est assez négligeable comparé au travail de Pierre Le Pape (Melted Space entre autres) qui, s'il n'est pas officiellement membre du groupe, a fait passer ses claviers dans Illusional gates, les boucles et les arrangements électroniques sont assez présents mais ne dénaturent pas l'essence metalcore du combo, c'est donc un gros boulot de fond qui a été abattu pour réussir à se fondre dans la mêlée, apporter un vrai plus sans modifier l'ADN préexistant. On ne perd donc rien en blast, en mélodies en variations dans les chants (une belle palette de nuances du plus clair au plus growl), en riffs incisifs, en rythmiques millimétrées... Les touches de synthé mettent en relief certains éléments et ajoutent de la profondeur quand le quatuor décide de donner de l'air à ses morceaux, le retour à la brutalité n'en est que plus percutant.

Insolvency continue sa route et sa progression, évitant les pièges, se décalant pour mieux attaquer, trois pas de côté, deux pas en avant, c'est avec ce genre de crochets qu'ils marquent des points et se rapprochent de la place du roi. Gardons donc un œil sur eux si on ne veut pas être mis en échec.

Publié dans le Mag #50

Insolvency / Chronique LP > Antagonism of the soul

Insolvency - Antagonism of the soul Fondé en 2012, Insolvency regroupe Pierre (chant, basse), Valentin (chant et guitare), Bruno (guitare qui a remplacé Jules en 2014) et Mickaël (batterie), un quatuor qui enregistre une première démo éponyme en 2015. Revendiquant l'influence de Trivium, ils évoluent dans un style mêlant un heavy dépoussiéré et débarrassé du chant haut perché et des mélodies puissantes issues du métalcore. Basé à Troyes, le groupe bouge pour croiser la route des No Return, Smash Hit Combo ou Melted Space puis retourne s'enfermer en studio, chez lui mais aussi au Treehouse avec Jim Pinder et Carl Bown (mais sans Colin Richardson), studio anglais qui a travaillé avec Bullet For My Valentine, While She Sleeps, As I Lay Dying, Machine Head...). Le résultat, c'est ce Antagonism of the soul, premier album qui sort en janvier 2018 chez Send The Wood Music.

Après une piste d'introduction toute en douceur, "Tears of the world" éclate les tympans, riffs sauvages, rythme massif, après à peine 30 secondes, la guitare s'envole déjà en solo pour mettre les deux chanteurs sur les rails, l'agression est double, la gratte continue d'un côté son boulot de sape, de l'autre de décorer l'atmosphère et bing, voilà que le deuxième chant se mue en lignes harmonieuses et puissantes. Sans aucun répit, les zicos enchaînent plans techniques et breaks carrément efficaces. Là où le côté heavy metal old school est très vite lassant, Insolvency répond par des changements constants, pas question de faire tourner en rond la même idée trop longtemps, il faut embrayer sur un autre passage, tout aussi puissant et accrocheur. On est déjà impressionné et ce n'est que le premier vrai morceau de l'album. La suite est du même acabit avec en bonus quelques assauts Hardcore pour le chant, une guitare encore plus excitée, d'autres mélodies tranchantes et même trois nouvelles versions pour des titres déjà présents sur leur EP ("Violation" et ses ambiances ambivalentes, "This war is not for you" qui permet au public de hurler le titre et "Your lost soul"). Et à part sur l'interlude "Hope" et la fin de "Death wish" (qui referme l'album), pas question de se poser, on comprend pourquoi Bruno a été invité à participer au Hundred Guitars from Hell Festival par Alexi Laiho (Children of Bodom).

Technique, puissance, mélodie, Insolvency aime la variété dans son jeu et réussit à écrire un album très riche sans être lassant ou "too much" (le gros risque avec les bons techniciens), un album aussi facilement plaisant qu'impressionnant (oui, encore).

Publié dans le Mag #32