Sorti une "première" fois en digital à l'automne 2011, Behind the skyline a droit quelques mois plus tard à une version physique digne de ce nom, très clairement à la hauteur de ce que recèle ce album étonnamment maîtrisé. Parce que ça a beau être leur premier disque, les membres d'Inertia Pills ont parfaitement intégré le fait que ce genre de musique soit essentiellement destinée à un public de collectionneurs. De fait, le contenant est aussi classe que le contenu. Livré dans un digisleeve à l'esthétique soignée qui fait autant plaisir aux yeux qu'aux conduits auditifs, Behind the skyline explose aux tympans dès l'attaque plutôt hargneuse d'"Atomic view motel", première salve ravageuse proposée par un groupe qui ne s'est clairement pas trompé sur ses intentions. Posthardcore/screamo/metal avait-on lu, c'est clairement ça avec un zeste d'esprit punk et un côté cru DIY et pourtant très bien produit qui n'est pas sans évoquer les travaux d'Aussitôt Mort.
Premier titre tumultueux mais rudement bien ficelé, écorché vif et en même temps plus finement construit qu'il n'y paraît au premier abord, le mélange des genres est parfaitement équilibré et le groupe exécute ça avec une maestria formelle irréprochable. La suite s'offre un petit changement de style, ou tout du moins d'approche, avec une intro prog' languissante pour un titre éponyme qui ne ménage pas ses effets lorsqu'il s'agit de satelliser l'auditeur à des hauteurs inattendues. Ce, le temps de climax post-rock/métal sur lesquels viennent se poser quelques fulgurances vocales déchirées. Là encore, le résultat est bien moins prévisible que redouté et plus encore, les petites touches prog' donnent un côté assez "crossover" à un ensemble qui ne manque décidément pas de corps ni d'âpreté. En témoignent notamment l'excellent "Raindrops" puis sa "sequel" immédiate : "Vacuity", qui joue de ses poussées de fièvre pour écarteler l'auditeur entre ses variations émotionnelles. Un grand huit sonore particulièrement incisif que le groupe fait basculer avec l'intense "The hangman in the mirror".
Les éléments s'y déchainent peu à peu, montant dans des pressions atmosphériques extrêmement orageuses lorsque le groupe ne redescend pas vers la terre ferme, ramper sur le sol le temps de quelques circonvolutions math-rock pour mieux s'envoler de nouveau dans un maelström screamo/hardcore volubile et déflagrateur. Tendu et aiguisé comme une lame de rasoir, l'ensemble est porté par un riffing aussi acerbe que les éruptions orales du préposé au micro harcèlent l'auditeur, jusqu'à ce que ceui-ci mette genou à terre. Et que "Looking for answers in ruins", sur lequel plane l'ombre de Mastodon, ne vienne définitivement parachever un premier album aussi inattendu que redoutablement burné.
NB: l'album est en téléchargement libre ci-dessous.
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