I Pilot Daemon - Come what may Il est enfin là, le nouveau I Pilot Daemon, petit joyau noise-hardcore-sludge, qui déboule dans nos tympans pourtant acérés avec un Come what may brut de décoffrage et gorgé de cette rage froide qui ensevelie l'auditeur sous des torrents de décibels. "Goodbye nobody" pour se mettre dans l'ambiance puis bombardement noisecore sulfurique avec "After... after" et "We deserve happiness". Comme ça direct dans les gencives, juste pour tâter de l'ultime, là où les guitares tonnent comme jamais, que la paire basse/batterie vrille le crâne comme aucune autre et que le chant se charge de torpiller l'ensemble avec une énergie peu commune. Hardcore oui mais "'n'roll" aussi, quelque part entre Breach et Coalesce, le petit zeste de Converge qui fait "mâle", le son "made by IPD" est des plus compacts, insidieux même et ravage ce qu'il reste de neurones chez l'auditeur après le passage des "Only at night" et autres "The life collider", véritables brûlots addictifs dopées au hardcore-noise subversif et au groove incendiaire qui dépouille.
Des titres sanglés sur des parois émotionnelles ravagées par la haine, s'enfonçant en rappel dans des crevasses où la noirceur, étouffante et palpable, est la seule maîtresse. I Pilot Daemon ébrèche les conduits auditifs de sa victime et prend le temps, pièce après pièce, de mettre ce qui lui reste d'équilibre mental en lambeaux ("After the gold rush"). L'album s'offre alors une chute-libre vers des contrées aux atmosphères viciées, presque postcore, mais dans ce que le genre a de plus délicieusement torturé ("El savage"), entre cris déchirant la nuit et exutoire enfiévré, quand "Wild turkey", véritable attentat sonore, est une merveille de rock'n'roll aussi déviante que monstrueusement salvatrice. Les guitares se mettent dans le rouge à force de s'escrimer à contenir leur fureur, avant de finalement, céder à la tentation de tout lâcher dans les enceintes l'instant d'après et un "Purple teeth" aussi power-burné qu'écorché vif. "Black at heart" et "Lost in Madrid", achèvent de contaminer l'auditeur et on ressort de l'album en se disant qu'on a beau être entraîné, ce Come what may-là est un disque dont on ressort sérieusement ébranlé, épuisé... mais heureux. Et derrière l'ombre, après le chaos, peut-être enfin la lumière, mais ce ne sera pas pour demain. Classe...