I Killed the Prom Queen - Beloved Intro' classieuse, presque mélancolique, "Beginning of the end" prend le temps de caresser l'auditeur dans le sens du poil avant que les premières vocalises écorchées vives ne viennent ébrécher ses sens. Lorsque guitares et section rythmique entrent à leur tour en scène, on sent déjà que la puissance de feu des Australiens va certainement faire de jolis ravages dans la tuyauterie auditive. "To the wolves" se charge dès la piste suivante de confirmer cette impression. Très grosse envie d'en découdre, une production phénoménale et un cocktail metalcore punky qui envoie sauvagement la sauce, le groupe met ici fin à quelques sept années d'absence discographique et ne manque pas son retour.

Il en profite également pour afficher clairement ses intentions, aboyant sur l'auditeur, vociférant des gangvocals corrosifs et ponctuant le premier acte de son come-back par un éloquent : "You left us for dead". Autrement dit, ça va chier maintenant. Niveau mélodique, c'est aussi très solide et ça contrebalance la débauche de moyens engagés par un groupe qui, sûr de son fait, monte au front la rage chevillée au corps. En même temps avec l'arsenal qu'il se trimballe, c'est tout de suite plus facile (cf : le très rock hardcore "Bright enough" et son groove bulldozer, le quasi épileptique "Melior"). Si bien que les morceaux se suivent, s'enchaînent à la perfection et donnent toute leur verve corrosive à un album aussi soigné dans ses moments de raffinement (si, il y en a) que dans les passages les plus destructeurs ("The beaten path"). Là forcément...

Un engagement de tous les instants, viril mais correct, I Killed The Prom Queen distribue les titres bien ravageurs comme d'autres enfilent les perles ("Thirty one & sevens", "Calvert street"), soignant son efficacité dans les impacts à coups de riffs tronçonneuse et de poussée de fièvre contaminatrice, malgré quelques facilités un peu crasses dans certains refrains ("Kærjrlighet"). Dévorant goulûment les enceintes, le groupe monte en pression et livre un "Nightmares" ouvertement guerrier, effaçant du même coup certaines tentations émo-pop-punk un peu discutables entrevues ci et là en insistant sur ses qualités premières : l'explosivité viscérale et la hargne corrosive ("No one will save us"). Juste avant de livrer un onzième et dernier titre en forme d'ogive terminale. Un "Brevity" tout en intensité déflagratrice et abrasion émotionnelle qui scelle définitivement le come-back d'un groupe qui, avec ce Beloved commet quelques erreurs mais n'en livre pas moins un album solide et d'une efficacité plus que redoutable.

En somme, une belle fessée made in Epitaph (Architects, Converge, Every Time I Die ou Retox...). Pour pas changer.