Guitariste fan de matos comme de technique, Jeffrey Ricaille compose sur 8 cordes des titres enlevés qui sonnent djent et suivent des structures complexes (entre math et prog'), il est à l'initiative d'Hybridism, un projet dans lequel il entraîne un autre gratteux émérite (Alexis), un bassiste (Mulles) et un batteur (Lucas), leur premier album ne comporte pas plus de nom que de paroles, l'essentiel de leurs idées passe donc uniquement par leurs instruments même si on peut deviner quelques tendances avec le titre des morceaux ("Anomalies", Delirium") et l'artwork (une sphère d'énergie et un cadre dessiné par les mathématiques ?). Les six titres envoient un déluge de riffs et de plans aventureux mais réfléchis et particulièrement bien agencés, les cadences sont infernales, les ruptures permanentes, les deux grattes offrent une complémentarité assez jouissive entre des lignes mélodiques continues pour l'une et des accords hachés pour l'autre, basse et batterie assurent le train jouant tantôt avec l'une, tantôt avec l'autre et se permettant elles aussi quelques élans démonstratifs maîtrisés. Le son n'est pas trop grave, allégeant le côté métallique du combo et permettant quelques élévations progressives bienvenues dans des titres courts et denses. Si le métal instrumental peut être rapidement prise de tête ou tourner à l'exhibitionnisme, les Belges réussissent ici à maintenir leurs ardeurs au bénéfice des compositions et d'un ensemble plus vaste que chacun des univers des musiciens, un aboutissement alors que ce n'est que le début de leur histoire.
Publié dans le Mag #42